Lettre financière, automne 2022, 61e édition

La patience est de mise.

Des signes persistants d’inflation soutenue inquiètent les investisseurs et infligent des pertes significatives aux principales bourses. Le S&P 500, le Nasdaq et le Dow Jones affichent leur pire début d’année depuis… 2002! La reprise amorcée en juin dans l’espoir d'un essoufflement de l’inflation permettant à la Fed d’adopter un ton plus conciliant ne s'est pas maintenue.

Indices

Niveau

3 mois

6 mois

1 an

S&P/TSX

18 444,22

-1,35 %

-14,36 %

-5,28 %

S&P 500 ($ US)

3 585,62

-4,89 %

-20,21 %

-15,50 %

MSCI Pays émergents ($ US)

875,79

-11,46 %

-21,53 %

-27,86 %

MSCI Monde ($ US)

2 378,65

-6,07 %

-21,16 %

-19,23 %

Taux de change $ CAN/$ US

0,72

0,78

0,80

-7,78 %

Rend. oblig. Canada 2 ans

3,79 %

3,10 %

2,29 %

0,53 %

Rend. oblig. Canada 10 ans

3,17 %

3,22 %

2,41 %

1,51 %

Pétrole ($ US)

74,49$

105,76$

100,28$

6,23 %

Or ($ US)

1 660,61$

1 807,27$

1 937,44$

-3,81 %

 

À QUAND L’ACCALMIE ATTENDUE DE L’INFLATION?

Le retour à la normale de l’inflation demandera un certain temps. Si l’inflation devait cesser de progresser sur un mois, elle serait de retour à près de 3,0 % en mars 2023. Si toutefois elle maintenait une cadence de 0,2 % sur un mois, elle afficherait toujours un taux de plus de 4,5 % le printemps prochain, ce qui nécessiterait probablement une prolongation du resserrement monétaire.

Cependant, plusieurs facteurs suscitent un espoir de répit. À l’exception des cours du gaz naturel, la plupart des matières premières ont pris des tendances baissières sous les craintes récessionnistes. Après leur envolée tôt dans la pandémie, les prix du bois sont de retour aux niveaux prépandémiques et incitent Canfor à recourir à des arrêts de production temporaires faute de demande. Au niveau des chaînes d’approvisionnement, malgré certaines tensions sectorielles, on observe un assouplissement général. D’ailleurs, l’indice de la Federal Reserve Bank of New York et de CBRE sur les pressions des chaînes d’approvisionnement a effectivement décroché de ses sommets et maintient une trajectoire fortement baissière.

Le 21 septembre dernier, la Fed a publié ses projections pour l’inflation et le taux directeur. Pour l’inflation et l’indice des dépenses personnelles de consommation, elle prévoit un taux de 2,8 % en 2023, de 2,3 % en 2024 puis de 2 % en 2025. Conséquemment, le taux directeur se situera à 4,4 % en fin d’année, 4,6 % en 2023, 3,9 % en 2024 % puis 2,9 % en 2025. À vrai dire, la progression du taux directeur sera liée à l’inflation, laquelle est dépendante des enjeux géopolitiques et structurels (dont la démographie), de l’offre, du prix des matières premières et de l’environnement. Desjardins Études économiques projette un taux directeur de 4,50 % en décembre 2022 et de 4,00 % en décembre 2023.

La persistance de l’inflation reste le principal risque pour l’économie mondiale, car elle obligerait de nombreuses banques centrales à relever leurs taux d’intérêt de façon plus agressive. Si les banques centrales ne réagissent pas avec suffisamment de vigueur, elles risquent de voir l’inflation devenir encore plus ancrée et difficile à maîtriser à moyen terme. Selon notre scénario de base, l’activité économique se contractera au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays, notamment en Europe. L’inflation et la hausse des coûts d’emprunt pourraient freiner davantage la demande des consommateurs et des entreprises.

Le Canada serait particulièrement vulnérable en cas de ralentissement économique mondial marqué, ce qui affecterait négativement ses exportations et son positionnement commercial. De plus, une hausse plus marquée du chômage et des taux d’intérêt pourrait amplifier la correction du marché immobilier canadien.

L’économie européenne est particulièrement vulnérable en raison de la montée en flèche des prix de l’énergie et du spectre des pénuries liées à la guerre en Ukraine. Bien que les prix du pétrole, de certains aliments et d’autres produits de base aient baissé récemment, la guerre en Ukraine reste une source importante d’incertitude dans nos prévisions. Des turbulences sont donc à prévoir pour les prochains mois, et elles devraient favoriser le dollar américain contre la plupart des devises. Dans ce contexte, le dollar canadien devrait terminer l’année à près de 0,72 $ US et perdre encore un peu de terrain au début de 2023.

RÉPARTITION D’ACTIFS

Les investisseurs et les épargnants voudront probablement oublier l’année 2022. Parmi les classes d’actifs considérées, seuls l’encaisse et le dollar américain auront présenté des rendements positifs. La valeur des propriétés, qui est l’une des principales sources d’épargne pour bien des ménages, devrait aussi continuer de se contracter.

Après deux années de forte croissance de la valeur des actifs, c’est le prix à payer pour maîtriser l’inflation. Un rebond des rendements pourrait être observé en 2023, à condition d’éviter une récession sévère.

À l’amorce du quatrième trimestre, nous maintenons une bonne dose de prudence dans l’allocation recommandée. Nous recommandons une surpondération de l’encaisse, une sous-pondération du marché obligataire, une position neutre en actions et une sous-pondération des placements alternatifs.

OBLIGATIONS. Le non-plafonnement de l’inflation (excluant l’alimentation et l’énergie) et l’entêtement des banques centrales à combattre une potentielle spirale prix-salaires laissent croire que les taux d’intérêts n’ont peut-être pas atteint leur sommet, d’où la sous-pondération de la classe d’actifs. Néanmoins, certains segments du marché obligataire deviennent de plus en plus attrayants.

Si la faiblesse absolue des taux d’intérêt en début d’année minait les rendements espérés, la remontée des taux améliore considérablement les perspectives de la classe d’actifs.
Nous priorisons la détention directe d’obligations pour que les investisseurs voient les dates d’échéances et les rendements à maturité.

ACTIONS. Le récent recul des bourses a ramené le S&P 500 en baisse de plus de 20 % par rapport à son sommet. Ce recul de la valeur des titres, associé à une croissance soutenue des bénéfices des entreprises, a permis aux valorisations de plusieurs titres de retomber à des niveaux nettement plus faibles.

CHUTE DE 25 %. Depuis 1980, le S&P 500 a reculé de 25 % ou plus à 7 reprises. Après de tels plongeons, il récupère en moyenne 24,9 % (après un an), 40,4 % (après trois ans) et 111,0 % (après cinq ans).

À la lumière des perspectives économiques, la répartition géographique est la suivante :

  • États-Unis : surpondération
  • Canada : surpondération
  • Europe : sous-pondération
  • Pays émergents : sous-pondération

PLACEMENTS ALTERNATIFS. Au cours des dernières, la faiblesse chronique des taux d’intérêt années et les évaluations boursières au-dessus des moyennes historiques ont poussé beaucoup d’investisseurs vers de nouvelles classes d’actifs. Les perturbations récentes, avec le rehaussement des taux d’intérêt et la baisse des évaluations, viennent réduire l’intérêt pour ces classes alternatives.

EN CONCLUSION

Les récentes années nous ont apporté leur lot de surprises, et les contextes macro-économiques et financiers incertains rendant la tâche des prévisionnistes… plutôt difficile! Toute cette incertitude milite pour l’adoption d’une stratégie d’investissement nuancée. L’heure n’est pas à la prise de positions très catégoriques. Dans le doute, la vertu de l’équilibre devrait toujours primer.

La volatilité du marché doit ramener l’investisseur aux aspects fondamentaux suivants :

  • Rappelez-vous pourquoi vous investissez.
  • Comprenez ce que vous contrôlez, et ce que vous ne contrôlez pas.
  • Gérez vos émotions.
  • Soyez réalistes dans vos attentes.
  • Vous avez le droit de demander de l’aide.

Après tout, c’est dans des périodes de turbulences que la valeur du conseil prend toute sa signification!

Nous espérons que ces informations vous aideront à mieux comprendre les marchés et nous demeurons à votre entière disposition pour discuter plus longuement de nos stratégies d’investissement. Nous vous réitérons notre engagement à travailler toujours plus fort pour dénicher les bonnes occasions qu’offrent les marchés financiers, de manière à vous aider à réaliser vos objectifs à long terme.

 

Louis Vazzoler
Gestionnaire de portefeuille

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