Premier trimestre 2021

« Je n’invente rien, je redécouvre. »

– Auguste Rodin

Depuis plusieurs semaines, nous entendons parler d’un retour aux folles années 20. Selon les analystes, la population, une fois la pandémie terminée, dépensera énormément dans les voyages, la restauration, les réceptions, en d’autres mots, dans tout ce qui nous a manqué depuis plus d’un an. Loin de nous l’idée de ne pas aimer une telle éventualité et nous serons parmi les premiers à sauter sur un billet d’avion disponible en direction du Sud quand cette période sombre sera derrière nous. La majorité d’entre nous ont besoin de décompresser et de lâcher leur fou, nous le comprenons et le vivons aussi.

En regardant vers l’avenir, la campagne de vaccination nous ramènera vers une normalité à la vie courante. Considérant que l’excès d’épargne des Américains avoisinerait les 2 000 milliards de dollars (175 milliards au Canada), il est facile d’entrevoir que cet argent contribuera à stimuler les dépenses de consommation en biens et services. Contrairement à la Banque du Canada, je pose ici comme hypothèse que les ménages préféreront la dépense à l’épargne et au remboursement de la dette. Après l’année que nous venons de connaître, vous avez le goût d’être rationnel? Payer vos dettes? Épargner juste au cas? Qu’avons-nous appris dans la dernière année? 1) Que les gouvernements et les banques centrales veillent aux postes et qu’ils interviendront inconditionnellement pour supporter les individus, les entreprises et l’économie. 2) Qu’il n’y a pas de limites à la créativité de nos gouvernements et de nos banques centrales. Donc, l’économie se porte bien et la Bourse devrait continuer sur sa belle lancée des dernières années.

Cependant, plusieurs éléments nous amènent à être prudents dans notre approche. La préservation de votre capital a toujours été notre priorité numéro un. Bien sûr, la préservation implique la sécurité de vos capitaux, mais elle implique aussi la protection de votre patrimoine contre l’inflation. Notre panier d’épicerie a tellement augmenté que nous nous demandons quelle proportion de la population a les moyens de s’acheter une belle pièce de viande. Le coût pour refaire son aménagement paysager est tel qu’une fois les travaux terminés, on se demande bien si les gens pourront encore se permettre d’aller passer une journée au parc aquatique. Comment les premiers acheteurs feront-ils pour acquérir une maison avec l’augmentation que nous avons connue? Les taux d’intérêt sont tellement bas qu’un retraité de 60 ans, sans aucune tolérance au risque détenant un million de dollars en banque, doit se poser de sérieuses questions sur la possibilité de manquer de liquidité avant d’avoir 75 ans. Nous devons donc encore faire la part des choses : notre verre d’eau n’est ni à moitié plein, ni à moitié vide, il est tout simplement rempli à moitié et notre rôle n’est pas de regarder le contexte économique avec des lunettes roses. Malgré tout, nous sommes toujours d’avis que le marché boursier demeure l’endroit à privilégier pour tout investisseur désirant battre l’augmentation du coût de la vie et nous sommes confiants que les rendements seront aux rendez-vous.

L’inflation

Nul besoin d’être devin pour prédire qu’il y aura de l’inflation en 2021-2022. Le monde est actuellement en pénurie de biens et nous risquons de sortir de la crise sanitaire avant que les usines aient réellement repris un cycle de production normale. Les inventaires mondiaux extrêmement bas font en sorte que les délais de livraison augmentent et les acheteurs qui désirent absolument se procurer un bien ou un service doivent en payer le prix. Malheureusement certains secteurs boursiers souffrent plus que d’autres lors d’une augmentation de l’inflation, puisqu’elle traîne normalement avec elle une augmentation des taux d’intérêt. Les compagnies de croissance qui ont de belles perspectives financières à long terme, mais qui génèrent peu ou pas de revenu à court terme, sont les premières à en souffrir. Par la suite, les compagnies à fort dividende qui n’ont pratiquement pas de croissance en souffrent aussi. Ces dernières, souvent achetées pour compenser les faibles taux, voient certains investisseurs prendre leurs profits pour retourner vers des titres soi-disant sécuritaires.

Les obligations, et par le fait même les investisseurs sécuritaires, sont celles qui souffrent le plus en période inflationniste. En effet, la valeur d’une obligation, sur le marché secondaire, diminue lorsque les taux augmentent. Ce même marché, qui nous a permis de respirer en nous donnant un fort rendement au cours de l’année 2020, le diminue depuis janvier 2021. Que faire dans une telle conjoncture? Nous sommes d’avis que les obligations ont toujours leur place dans un portefeuille de placement équilibré. Il faut toutefois arrêter de voir ces titres comme étant des sources de revenus et de les voir plutôt comme une police d’assurance. Qui d’entre nous n’a pas de police d’assurance dommage, de maladie grave, de soins de santé? Nous en avons tous au cas où… Il en est de même avec les obligations. Elles nous coûteront certainement quelques points de base en 2021, mais elles sont quand même indispensables au cas où la pandémie reprend le dessus, ou que l’économie retombe en récession, qui sait.

Composition de nos portefeuilles de placement

Nous sommes d’avis qu’un portefeuille de placement devrait être actuellement surpondéré en liquidité, sous-pondéré en revenus fixes et surpondéré en actions. Normalement nous aimons bien passer en revue région par région et vous expliquer pour quelle raison nous les sous-pondérons ou surpondérons. Cette fois-ci, nous allons plutôt vous faire état des secteurs économiques qui sont porteurs et de ceux qui nous intéressent moins.

Soins de santé

Dans un contexte de ralentissement de la croissance des bénéfices, les entreprises du secteur des soins de santé offrent une croissance relativement forte des bénéfices avec des valorisations moins chères. Nous aimons les Pfeizer, Gilead, Johnson & Johnson et Regeneron.

Technologies

Les taux d’intérêt bas et les tendances qui se sont manifestées dans le secteur de la technologie, non seulement au cours de l’année écoulée, mais aussi depuis 3 à 5 ans, nous amènent à être à l’aise avec le positionnement actuel. Les prochaines années amèneront plusieurs compagnies à utiliser le nuage comme moyen de stockage de données. De plus, l’avènement du 5G et des voitures intelligentes fera en sorte qu’environ 15 000 satellites supplémentaires voleront au-dessus de nos têtes d’ici 10 ans. Dans ce secteur, nous privilégions les Microsoft, Alphabet, IBM et Intel.

Finance

Depuis la pandémie, nous sommes plus à l’aise avec la réponse du gouvernement fédéral pour soutenir l’économie. À plus long terme, un environnement de taux d’intérêt plus élevé sera positif pour les banques. Banque Royale, Banque TD, Banque Scotia, JP Morgan & Chase, Power Corporation et Berkshire Hathaway sont nos titres favoris.

Secteur des loisirs

Les entreprises de loisirs se sont considérablement redressées, les investisseurs devenant plus optimistes quant à la réouverture des économies. Nous sommes d’avis que, bien que la demande soit forte, une grande partie des bonnes nouvelles est déjà intégrée dans le prix des actions, car ces dernières atteignent de nouveaux sommets alors que les activités économiques demeurent relativement faibles. Par conséquent, nous réduisons sensiblement l’exposition au secteur des loisirs.

Énergie

Les politiques d’énergie verte proposées par divers gouvernements dans le monde exigeront que les sociétés de services publics passent des combustibles fossiles à un réseau vert. Le pétrole est donc une énergie que nous sous-pondérons dans nos allocations d’actifs. Les énergies vertes attirent de plus en plus notre attention, mais leur augmentation fulgurante de la dernière année nous freine à y investir davantage.

Le marché boursier offre encore une multitude d’occasions. Comme le disait si bien M. Warren Buffet : « Le marché boursier est un mécanisme par lequel l’argent se déplace des investisseurs impatients vers les investisseurs patients ». Sur ces mots d’une grande sagesse, nous vous souhaitons de passer un merveilleux printemps. Profitons de ce renouveau pour recommencer tranquillement à vivre une vie normale et redécouvrons chaque beau moment que nous procure cette belle saison. Pendant ce temps, sachez que nous sommes toujours là, fidèles à notre poste, à nous assurer de la saine gestion de votre patrimoine financier.

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

Haut de page