Lettre financière — Hiver 2024

« Et c’est dans des temps incertains que la valeur de conseil prend tout son sens! » – Jean-René Ouellet

Le monde dans lequel nous vivons prendrait-il un malin plaisir à nous démontrer que rien n’est jamais acquis? Au début de 2022, le thème dominant était le maintien quasi éternel des taux d’intérêt à un bas niveau. Le gouverneur de la Banque du Canada, M. Macklem, disait d’ailleurs que les Canadiennes et Canadiens souhaitant acheter un bien durable pouvaient le faire sans craindre une remontée imminente des taux d’intérêt. En septembre et octobre 2023, ce thème n’était déjà plus le même : il annonçait plutôt une nouvelle période de taux plus élevés, et ce, pour très, très longtemps. Puis, M. Powell, grand patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), n’a eu qu’à prononcer quelques mots en décembre pour que les principaux scénarios de taux soient revus à la baisse.

Voici un autre exemple de la manière dont le vent peut tourner abruptement : à l’aube de 2023, on nous annonçait une récession assurément imminente… si proche que l’attente s’avérait interminable! Sans cesse reportée, cette récession semble maintenant s’éloigner peu à peu de nos esprits. Elle est même disparue de bien des radars… du moins aux États-Unis.

Un contexte aussi changeant peut susciter de nombreuses interrogations pour l’investisseur, d’où l’importance d’avoir des repères : un plan rigoureux et un gestionnaire de patrimoine de confiance. Nous rappelons fréquemment l’importance de ne jamais se laisser guider par les émotions et de toujours se rappeler que le marché est volatil et que l’argent passe des investisseurs impatients à ceux qui s’en tiennent à leur stratégie. L’année 2023 n’a pas échappé à cette dure réalité. Après une année 2022 difficile, tant sur les marchés boursiers qu’obligataires, il n’a pas été simple de garder le cap et de faire confiance à notre stratégie de placement. Tous ceux qui y sont parvenus ont vu disparaître les pertes enregistrées en 2022 et connu une autre belle année sur les marchés en 2023.

Maintenant, que nous réserve l’avenir? Encore une fois, il faut savoir enlever ses lunettes roses sans pour autant sombrer dans un pessimisme excessif. Si l’on observe aujourd’hui un optimisme démesuré — voire de l’euphorie — dans certains segments surévalués, on constate l’inverse dans d’autres. Heureusement l’inflation excédentaire se résorbe. Le déséquilibre entre l’offre et la demande s’estompe dans de nombreux pays, la demande de main-d’œuvre excédentaire a été largement comblée, et la politique monétaire continue de faire son œuvre. Le printemps 2024 marquera le deuxième anniversaire du début des hausses de taux en Amérique du Nord, ce qui laisse croire que les effets du resserrement seront ressentis à leur maximum tout au long de l’année. Malheureusement, la situation demeurera pénible pour les ménages et les entreprises. Nos économistes s’attendent à une économie moribonde au Canada en 2024. La stagnation des dépenses de consommation observée pendant une bonne partie de 2023 s’expliquait entre autres par la nécessité, pour les titulaires d’un prêt hypothécaire, d’économiser davantage en vue de leur renouvellement. Étant donné que la moitié des emprunteurs environ n’ont toujours pas effectué ce renouvellement, ces pressions seront toujours présentes en 2024.

Investir dans un contexte de décélération économique exige une certaine dose de prudence à court terme. La nouvelle année devrait toutefois aussi comporter son lot d’occasions! Bref, il faut adopter un positionnement prudent à court terme… afin d’être en mesure de profiter de ces occasions lorsqu’elles se présenteront.

Obligations

Après trois années difficiles, le marché obligataire redevient attrayant. Avec une inflation qui devrait maintenir sa tendance baissière, des économies qui ralentissent voire qui basculent en récession pour certaines, l’opportunité d’ajouter aux obligations est toujours de mise. Nous continuons de recommander une surpondération des obligations gouvernementales, refuge de prédilection en cas de récession. La valorisation des titres de crédit n’est pas intéressante, et les défauts de paiement commencent à augmenter; la prudence est donc de mise.

S&P 500

Les attentes relatives à un atterrissage en douceur de l’indice phare américain laissent peu de place pour la déception. Les prévisions des bénéfices en 2023 atteignent 235 $. Pour les deux prochaines années, le consensus table sur des profits de 263 $ en 2024 et de 285 $ en 2025. Ainsi, à la fin de 2024, si le S&P 500 devait se négocier à 18 fois les bénéfices attendus des 12 prochains mois, il pourrait atteindre 5 150, soit un rendement d’environ 9 %.

S&P TSX

Les attentes concernant les bénéfices pour l’indice phare canadien semblent faire fi du scénario attendu de récession. Elles atteignent 1 436 $ en 2023. Pour les deux prochaines années, le consensus compte sur des profits de 1 572 $ en 2024 et de 1 631 $ en 2025. Par conséquent, à la fin de 2024, si le S&P/TSX devait s’échanger à 14 fois les bénéfices attendus des 12 prochains mois, il pourrait atteindre 22 800, soit un rendement d’environ 11 %. Toutefois, si l’économie canadienne devait elle aussi basculer en récession, entraînant ainsi une baisse des bénéfices, les profits pourraient plutôt reculer de quelque 15 % pour s’établir à 1 220 $. Avec un multiple de 13 fois, le TSX pourrait alors aller s’approcher de 15 800, soit un recul potentiel de près de 25 %.

Dans le contexte actuel, l’adoption d’un positionnement prudent semble recommandée, bien que l’élan constaté puisse continuer de pousser les bourses vers de nouveaux sommets. Pour l’investisseur à long terme, le marché boursier reste l’outil de prédilection. La baisse des taux d’intérêt pourrait amener le S&P 500 vers de nouveaux sommets; si cela ne se produit pas en 2024, ce sera le cas en 2025 ou en 2026. Pour l’année en cours, il faudra résister au pessimisme. En effet, le discours pessimiste est plus percutant et retient davantage l’attention. Il donne l’impression que le pessimiste voit venir les coups, qu’il est prudent, qu’il agit en bon père de famille. Or, en moyenne, à long terme, l’optimiste fait généralement plus d’argent. L’idée n’est pas d’être l’un ou l’autre, mais d’avoir un plan, de le mettre en œuvre et de le respecter!

En des temps incertains, la valeur de conseil prend tout son sens!

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

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