L’an dernier au premier trimestre, l’actualité portait sur la vaccination massive contre la COVID 19, tandis que cette année, c’est l’inflation et la hausse des taux d’intérêt qui sont sur toutes les tribunes. Le conflit en Ukraine amène son lot d’incertitudes et favorise la hausse des prix du pétrole, du gaz, des fertilisants et de plusieurs autres ressources. Les banques centrales ont la lourde tâche de freiner l’inflation, tout en gardant un bon niveau d’activité économique afin de ne pas plonger l’économie en récession. Les données nous démontrent que l’activité économique est en croissance et que les entreprises enregistrent encore une augmentation de leurs bénéfices. Dans le présent commentaire, nous allons tenter de faire le point sur la direction des marchés à l’aide de diverses démonstrations.
S&P/TSX (indice canadien) | 3,84 % |
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S&P 500 (indice américain) | -5,86 %* |
MSCI mondial – Tous les pays | -6,51 %* |
Indice des obligations universelles FTSE Canada | -6,97 % |
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Indice des obligations globales à long terme FTSE Canada | -11,73 % |
Indice des obligations globales à court terme FTSE Canada | -2,98 % |
*Taux calculés après conversion en dollars canadiens.
L’effet des devises a joué un rôle important au cours du premier trimestre. En effet, en dollars américains, les rendements du S&P 500 et du MSCI Monde tous pays ont été de -4,60 % et de -5,26 %, respectivement.
L’année 2022 a débuté de façon mitigée sur les marchés après une hausse importante en 2021.
En février, des inquiétudes se sont fait sentir sur les marchés quant à la hausse persistante de l’inflation et de la possibilité de voir les banques centrales adopter une série de mesures de resserrement monétaire plus restrictives. De plus, en février, la Russie est passée aux actes en envahissant l’Ukraine. Les marchés ont réagi négativement, et nous avons observé une tendance pour la recherche de valeurs refuges comme le dollar américain, l’or et les obligations gouvernementales. Globalement, une croissance économique est anticipée sur les marchés pour 2022, comme en témoigne la hausse des taux, mais l’inflation demeure une préoccupation majeure.
Les banques centrales répètent qu’elles veulent mettre en place une politique plus restrictive pour la prochaine année, en réduisant de beaucoup les interventions quantitatives (rachat d’obligations). Cela a pour effet de réduire les liquidités dans l’économie en général, et par le fait même, la croissance économique. Les banques centrales prévoient des augmentations de taux afin de contrer l’inflation; le facteur important qui nous concerne est la cadence de ces augmentations de taux.
Actuellement, les marchés intègrent déjà les augmentations de taux annoncées par les banques centrales. Il reste à voir si l’inflation sera plus importante que prévu et si d’autres augmentations seront nécessaires. Le mouvement Desjardins prévoit que le taux directeur américain se situera à 2,25 % à la fin de 2022 et à 2,75 % à la fin de 2023. Pour ce qui est des bénéfices des sociétés, il n’y a pas eu de changement dans les estimations de 2022 et de 2023. La baisse des marchés ne semble pas attribuable au recul des bénéfices. Il existe une relation entre l’inflation et la hausse des revenus des sociétés : ces derniers sont favorisés dans un contexte inflationniste. On constate une augmentation des coûts, certes, mais le fait qu’une grande proportion soit fixe permet une croissance des revenus. Le consensus des analystes table sur une augmentation des bénéfices des entreprises du S&P 500 de 15,03 % en 2022 et de 9,5 % en 2023.
Une question revient souvent dans le cadre de nos lectures : sommes-nous dans une phase de prérécession? Voici quelques indicateurs précurseurs de la vigueur de l’économie. La croissance de ces indicateurs suggère plutôt une croissance soutenue, ce qui implique un accroissement des bénéfices des sociétés.
Février 2022 | Février 2021 | Janvier 2020 | |
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Ventes au détail | 658 128 | 561 685 | 529 766 |
Ventes d’automobiles | 135 249 | 115 666 | 106 484 |
ISM Manufacturier | 58,6 | 60,8 | 50,9 |
Mises en chantiers résidentielles | 1 769 | 1 421 | 1 567 |
Permis de bâtir résidentiels | 1 865 | 1 682 | 1 550 |
L’autre préoccupation est la courbe de rendement des titres obligataires, qui reflète les prévisions des investisseurs. La courbe négative des obligations de 2 à 10 ans donne un signal de récession dans environ 18 mois et la courbe des obligations de 3 mois à 10 ans donne, quant à elle, un signal dans un délai plus court, soit dans environ 11 mois. La courbe des obligations de 2 à 10 ans s’est légèrement inversée le 31 mars, mais elle est actuellement positive tant sur la portion 3 mois à 10 ans que sur celle de 2 à 10 ans, soit 1,94 % et 0,34 % respectivement.
Au cours actuel du S&P 500 (4 429), le marché se négocie à 17,9 fois les bénéfices estimés de 2022 (247,33 $) et à 16,33 fois les bénéfices estimés de 2023 (270,83 $). Si l’on applique une évaluation comparable au début de 2020 et de 2021 à 18,5 fois les bénéfices, le S&P 500 s’établirait à environ 5 000 points à la fin de 2022.
Compte tenu d’une croissance estimative du PIB de 3 % en 2022 et de 2,4 % en 2023 selon Desjardins Études économiques et de 2,8 % et de 2,2 % respectivement selon la Réserve fédérale américaine, des indicateurs avancés positifs et du peu de solutions de rechange du côté obligataire, nous demeurons confiants quant aux perspectives de croissance.
Compte tenu des éléments abordés, nous favorisons les actions aux obligations. Cela se traduit par une sous-pondération des titres à revenus fixes et une duration plus courte dans nos portefeuilles équilibrés. Nous avions surpondéré légèrement les actions privilégiées et nous en sommes maintenant à une pondération neutre. Lorsque la situation le permet, nous optons pour des positions en dollars canadiens au détriment du dollar américain. Pour la portion croissance, nous avons ajouté quelques titres de ressources afin de profiter de la demande dans un contexte de reprise. Malgré une rotation entre les titres Valeur au détriment des titres Croissance, nous conservons un équilibre entre ces deux styles. Nous privilégions les sociétés qui ont une bonne croissance des flux de trésorerie libres. D’une part, nous rajustons à notre cible initiale les titres qui ont augmenté de façon importante en raison du conflit Russie-Ukraine et du déséquilibre entre l’offre et la demande. D’autre part, nous profitons de la faiblesse de certains titres dans une perspective à long terme.
Nous avons ajouté le titre de SNC Lavallin (SNC) pour son évaluation raisonnable et le changement à sa structure de revenus, ainsi que Nutrien (NTR) également pour son évaluation raisonnable.
Nous avons vendu une petite quantité d’actions de Suncor (SU), de Canadian Natural Resources (CNQ), de Teck Resources (TECK) ainsi que de Nutrien (NTR) devant l’appréciation importante de ces titres. De plus, nous augmentons stratégiquement un peu nos liquidités afin d’avoir la souplesse nécessaire pour pouvoir profiter d’occasions.
Comme nous l’avons indiqué précédemment, le taux directeur américain devrait s’établir à 2,25 % à la fin de 2022 et à 2,75 % à la fin de 2023. Le taux directeur canadien, quant à lui, devrait s’établir à 1,5 % et à 2 %, respectivement.
Desjardins Études économiques est d’avis que la devise canadienne pourrait encore s’apprécier au cours des prochains mois si l’incertitude diminue et que le prix des matières premières reste élevé. Par la suite, on pourrait assister à une légère baisse si la Banque du Canada modère plus rapidement ses hausses de taux comparativement à la Réserve fédérale américaine. Plus concrètement, la devise canadienne devrait terminer l’année 2022 à 0,79 $, et à 0,775 $ à la fin de l’année 2023. Elle est actuellement à 0,79 $.
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