Réflexion deuxième trimestre 2020

La pandémie a bouleversé nos vies, désorganisant notre quotidien et l’activité économique. Les économies touchées ont subi un choc d’offre et de demande inédit en temps de paix alors que les gouvernements appuyaient en cascade sur pause et annonçaient des mesures de confinement extraordinaires pour protéger la population de la COVID-19. Ces actions combinées à la fermeture des frontières ont causé un effondrement de l’activité économique, du commerce mondial et du marché du travail. Les gouvernements et leurs banques centrales ont parallèlement adopté des mesures de soutien innovantes et d’une ampleur inégalée pour atténuer le choc. Aux États-Unis, ce filet de protection social et financier équivaudrait à environ 45 % du produit intérieur brut (PIB). La Réserve fédérale américaine (Fed) s’attend même à maintenir son taux directeur entre 0 et 0,25 % jusqu’à la fin 2022.

Selon l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), avant qu’un vaccin ou un traitement soient largement accessibles, les responsables politiques et les décideurs économiques continueront, partout dans le monde, d’avancer sur une corde raide, ajoutant que la pandémie a accéléré le passage d’une ère de « grande intégration » à une ère de « grande fragmentation ».

« Partout, le confinement a aussi exacerbé les inégalités entre les travailleurs, entre ceux généralement très qualifiés, qui avaient la possibilité de télétravailler et les moins qualifiés et les jeunes, qui sont souvent en première ligne, qui n’ont pas pu continuer de travailler ou bien qui ont perdu leur emploi, cette disparité étant encore accentuée par les différences d’accès à la protection sociale. Dans certains pays, la dette privée atteint des niveaux dangereusement élevés et les risques de défaillances et de faillites d’entreprises sont très préoccupants. » (OCDE, juin 2020)

Alors que le « grand confinement » est progressivement levé, la reprise des économies touchées s’active, mais elle apparaît inégale et à la merci d’une autre propagation du virus. Les politiques de reprise se poursuivront jusqu’à ce que l’économie soit durablement soutenue par la demande intérieure (dont les consommateurs et les entreprises) et, enfin, par le secteur extérieur. La vigueur de la reprise, y compris la demande intérieure, dépendra de la confiance des ménages, des investisseurs et des entreprises. La rapidité à laquelle les chômeurs réintégreront le marché du travail influencera la confiance des ménages et la consommation. Aux États-Unis, les ménages pourront appuyer la reprise en puisant dans leur épargne. En avril, le taux d’épargne atteignait 33 %, un sommet historique.

Reflétant une toile de fond incertaine, l’OCDE a décidé de publier deux scénarios de prévisions économiques : l’un posant l’hypothèse de la maîtrise de la pandémie, l’autre anticipant une deuxième vague de contagions avant la fin 2020. Selon le premier scénario, l’économie mondiale se contracterait de 6 % en 2020 pour ensuite rebondir de 5,2 % l’année suivante. En Amérique du Nord, la décroissance des économies américaine et canadienne serait, respectivement, de 7,3 % et 8 % cette année; suivie d’une croissance respective de 4,1 % et 3,9 % en 2021. Pour sa part, la Fed prévoit une baisse de 6,5 % en 2020, suivi d’une accélération au rythme de 5 % en 2021.

Dans le scénario d’une deuxième vague épidémique provoquant un retour aux mesures de confinement, la production économique mondiale pourrait, selon les prévisions de l’OCDE, chuter de 7,6 % cette année, avant de se redresser pour atteindre 2,8 % en 2021. À son plus haut niveau, le chômage des économies de l’OCDE serait plus de deux fois supérieur à son taux d’avant les pandémies, avec une faible reprise de l’emploi l’année suivante. Un tel scénario verrait le PIB américain se contracter de 8,5 % en 2020 puis s’accélérer d’à peine 1,9 % en 2021; respectivement -9,4 % et 1,5 % au Canada. Bref, la récession serait plus profonde et la reprise, plus modeste.

Les prévisions de l’OCDE rappellent la gravité de la pandémie pour l’économie mondiale, l’importance de l’engagement des autorités publiques dans la reprise et la vulnérabilité à la propagation du virus. Il est entendu que l’activité économique s’accélérera au rythme du déconfinement, mais, après une reprise initiale rapide, « il faudra beaucoup de temps pour que la production retrouve ses niveaux d’avant la pandémie, et la crise laissera des traces durables, » selon l’OCDE.

Mais qu’est-ce qui a bien pu stimuler les marchés boursiers entre le 23 mars et le 10 juin (+47 % S&P 500 et +42 % TSX)? Wall Street était-il trop optimiste alors que la situation dans l’économie réelle était éprouvante? D’abord, Wall Street est un phare sur l’horizon (4 à 6 mois) dont le faisceau est représentatif de la somme des attentes des investisseurs. À partir du 23 mars, il a commencé à signaler une amélioration potentielle des perspectives économiques. Plusieurs indicateurs ont ensuite confirmé que le pire des conséquences économiques de la pandémie semblait être passé pour la plupart des grandes économies. Le déconfinement laisse entrevoir une amélioration dès le troisième trimestre. D’ailleurs, le Mouvement Desjardins prévoit un rebond du PIB de 42 % au T3 et de 12 % au T4 au Canada; respectivement 31 % et 10 % aux États-Unis.

Wall Street signale aussi que l’expansionnisme budgétaire et monétaire continuera à soutenir la relance de l’économie pendant une période prolongée. Avant de resserrer les cordons de la bourse, les décideurs voudront s’assurer que la reprise est durable et que la science a trouvé un médicament pour soigner les malades de la COVID-19 ou un vaccin pour immuniser la population.

Populaire auprès des investisseurs, l’acronyme TINA prend ici tout son sens : There Is No Alternative! En d’autres termes, TINA signifie qu’il n’y a pas d’autre solution que les actions parce que le taux de dividende est plus élevé que le taux d’intérêt sans risque. Dans l’indice S&P 500, 80 % des entreprises ont un taux de dividende (2 % en moyenne) supérieur à celui des Treasuries de 10 ans (0,69 %). Pour 75 % des entreprises de l’indice, le taux de dividende est de 3,45 % en moyenne, environ 2,95 % de plus que le taux des obligations du Canada de 10 ans.

Interventionnisme public extraordinaire, faibles taux d’intérêt, TINA (dont une poignée de titres de grandes capitalisations qui se sont démarquées), endiguement de la pandémie, déconfinement et anticipation d’une reprise en V expliquent l’essentiel du rebond boursier depuis le 23 mars dernier. Une ascension rapide sur une aussi courte période explique l’essentiel de la prise de profits amorcée la semaine dernière. À 21,5 fois les bénéfices anticipés, les investisseurs en sont venus à se demander s’ils étaient pleinement rétribués pour le risque encouru après la remontée vertigineuse de l’indice S&P 500, qui a clôturé sur un résultat positif le 10 juin. La poussée du Nasdaq depuis son creux est encore plus vertigineuse. Cet indice phare des valeurs technologies a même clôturé au-dessus des 10 000, une première.

Faisant suite à une séquence boursière somme toute exceptionnelle entre le 23 mars et le 10 juin, cette pause santé n’est pas surprenante. Investir en bourse avec une vision à court terme, c’est comme danser sur un volcan actif. Il est primordial d’investir à long terme en fonction de votre profil d’investisseur.

Stratégie d’investissement

À moins d’un changement important dans votre situation personnelle, il est préférable de garder le cap de votre stratégie d’investissement et de profiter des avantages de rééquilibrer votre portefeuille. Un portefeuille adéquatement diversifié est conçu pour atteindre vos objectifs à long terme.

Nous suivons l’évolution de la pandémie de très près et nous avons déjà procédé à un premier rééquilibrage du portefeuille en lien avec la situation. Nous sommes disponibles si votre situation requiert des changements et si vous désirez en discuter.

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