La décision de la Banque du Canada (BdC) de maintenir les taux d’intérêt inchangés cette semaine était conforme à nos prévisions, mais a surpris de nombreux investisseurs et prévisionnistes. La prochaine décision de la BdC sera probablement beaucoup moins controversée. La plupart des prévisionnistes s’accordent maintenant à dire que la BdC commencera à relever ses taux lors de sa prochaine réunion, le 2 mars. Elle a supprimé son indication prospective d’urgence, envoyant un avertissement clair quant au fait qu’elle prendra une série de mesures pour ramener l’inflation à la cible. Nous pensons que cela signifie que quatre hausses de taux se trament en 2022. Comme la Réserve fédérale (Fed), la BdC commencera probablement à réduire son bilan cette année, ce qui pourrait resserrer considérablement les conditions financières. Cette mesure est nécessaire pour contenir l’inflation élevée, mais la BdC doit veiller à ne pas en faire trop non plus.
Nous nous doutions que la vague Omicron pèserait lourdement sur la décision de la BdC. Après tout, nous nous attendons à ce que le prochain rapport sur l’emploi révèle de lourdes pertes d’emplois et une diminution du nombre d’heures travaillées. Cette semaine, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a fait état d’une importante chute de 8 points de la confiance des PME en janvier. Alors que les hospitalisations sont en baisse et que de nombreuses provinces ont annoncé qu’elles assouplissaient les restrictions, tout ce que la BdC a pu nous dire, c’est qu’elle « espère » que cette vague sera de courte durée, mais que ce scénario était encore incertain. Le nouveau sous-variant Omicron BA.2 a déjà été détecté dans plus de 40 pays, et les scientifiques craignent qu’il soit plus furtif et plus contagieux que le variant d’origine. Il est clair que la pandémie ne s’arrêtera pas tant que nous n’aurons pas trouvé un moyen d’empêcher l’émergence de nouveaux variants. La prudence de la BdC à ce chapitre n’est donc pas injustifiée. L’année dernière, la réouverture hâtive de février s’était soldée avec des fermetures encore plus sévères au printemps dans certaines provinces, et rien ne garantit que cela ne se reproduira pas cette année.
Une politique monétaire d’urgence n’arrêtera pas le virus, mais il est à tout le moins bienveillant pour la BdC de signaler d’avance à une population éprouvée par la pandémie que des taux d’intérêt plus élevés sont à l’horizon. La bonne nouvelle? Une fois que le variant Omicron sera derrière nous, le marché du travail canadien devrait rebondir comme il l’a fait après les vagues précédentes. Le Canada est l’un des rares pays où le taux de participation au marché du travail s’est à peu près entièrement rétabli. Aux États‑Unis, un grand nombre de travailleurs âgés ont devancé leur retraite et quitté le marché du travail, ce qui contribue à empêcher un essor du taux de participation. Par contraste, au Canada, la participation a fortement augmenté. Même le taux de postes vacants a commencé à baisser au cours du dernier trimestre de 2021, quoiqu’il demeure élevé. Et si la croissance des salaires au Canada est restée étonnamment contenue, ce n’est probablement qu’une question de temps avant que l’importante pénurie de main-d’œuvre et la concurrence pour les talents obligent les entreprises à augmenter la rémunération. Selon l’Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada de la BdC, les travailleurs ont estimé leur probabilité de quitter pour un autre emploi à 19,3 % en moyenne, le niveau le plus élevé depuis au moins 2015. Et puisque la population vieillit, certains travailleurs âgés prendront leur retraite, ce qui créera davantage de postes vacants. Les postes sont toutefois plus difficiles à pourvoir lorsque le taux d’activité est revenu à la normale. Ajoutons à cela les hausses du salaire minimum dans la plupart des provinces, et on comprend bien pourquoi la croissance modérée des salaires qu’on voit encore actuellement risque de n’être que passagère.
Par Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège
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