Depuis la Grande Récession de 2008, l'environnement financier nous surprend par son degré d'imprévisibilité et de complexité. L'année 2022 a été marquée par un retour en force de l'inflation et une montée spectaculaire des taux d'intérêt. Pour 2023, La plupart des analystes prévoient un atterrissage en douceur de l'économie ou une faible récession alors que certains stratèges s'attendent plutôt à une récession plus sévère. Un atterrissage en douceur de l'économie impliquerait une réussite de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), alors que son bilan est plutôt décevant en la matière. Il faut non seulement que les banques centrales augmentent les taux d'intérêt sans créer de récession, mais qu'elles réduisent également leur bilan gonflé par les achats d'obligations réalisés au début de la pandémie, et ce, sans causer de déséquilibre dans le marché obligataire.
Au cours des trente dernières années, les banques centrales nous ont souvent démontré leur incapacité à bien prévoir l'économie, et surtout leur incapacité à agir en amont afin d'éviter les problèmes. En 2020 et 2021, nous avons été témoins d'une réaction sans précédent des banques centrales et des gouvernements face à la pandémie. Certes, une réponse musclée était nécessaire pour palier à l'arrêt complet de l'économie mondiale. On peut questionner aujourd'hui si cette réaction, cinq fois plus grande (en termes de stimulation monétaire) que lors de la crise financière de 2008, était nécessaire. Nous payons actuellement le prix de la lenteur des banques centrales à retirer les programmes d'expansion monétaire, d'autant plus que les gouvernements ont entrepris des programmes d'expansion budgétaire.
Les banques centrales ont évoqué plusieurs raisons pour justifier le maintien des taux d'intérêt près de zéro, soutenant que l'inflation était transitoire, que la main-d'œuvre reviendrait aussitôt que les prestations gouvernementales cesseraient, que les problèmes d'approvisionnement se résorberaient rapidement, etc. Ce n'est qu'après le déclenchement de la guerre par la Russie et subséquemment la montée des prix de l'énergie, que les banques centrales ont tout à coup changé leur discours et crié d'une seule voix : « STOP! HOUSTON, WE HAVE A PROBLEM ». Cependant, le mal inflationniste sévissait depuis un certain temps. Aujourd'hui les banques centrales doivent se concentrer sur la lutte contre l'inflation, et leur cible de 2 % prendra du temps à atteindre. En tentant un rattrapage, elles opèrent une montée très rapide des taux dans une économie qui ralentit et un contexte d'endettement gouvernemental record.
Pour ces raisons, une récession en 2023 nous semble inévitable. Son ampleur reste à déterminer et dépendra de la rapidité à laquelle l'inflation s'ajustera à la baisse. On doit donc s'attendre à une certaine volatilité sur les marchés au gré des bonnes et des moins bonnes nouvelles concernant l'inflation et le marché de l'emploi.
La hausse du taux d'inflation que nous avons observée depuis le début de l'année, et surtout durant l'été, s'explique en grande partie par l'augmentation du prix des produits de base. Le prix des biens représente 27 % de l'IPC de base (ex-aliments et énergie), et c'est la partie la plus sensible aux hausses de taux d'intérêt. Pour cette partie de l'équation, la hausse des taux d'intérêt effectue son travail : le prix du bois est passé de 1 700 $ US (le mille pieds-planche) à 450 $ US plus récemment en raison de l'arrêt brusque des mises en chantier, le refinancement hypothécaire est à l'arrêt, le pétrole est passé de 120 $ à 75 $ et le prix des métaux industriels est en baisse. Bien que nous observions une baisse des données inflationnistes qui réjouit pour l'instant les marchés, la partie est loin d'être gagnée.
Les services représentent 73 % de l'IPC de base. L'inflation qui découle du secteur des services sera beaucoup plus difficile à freiner, et les hausses de taux qu'on a subies jusqu'à maintenant ne seront peut-être pas suffisantes pour y parvenir. Lorsqu'on dit « services », on pense à : augmentation salariale, hausse des taux hypothécaires et des loyers, des transports, des hôtels, des restaurants, etc. C'est cette partie de l'inflation qui fait craindre les banques centrales. Le marché de l'emploi demeure robuste considérant qu'il y a plus d'un million de poste à combler au Canada et plus de 4 millions d'offres d'emplois que de chômeurs aux États-Unis.
Le marché boursier est grandement tributaire du mouvement et de la structure des taux d'intérêt. La baisse récente des taux 10 ans a engendré une reprise boursière depuis la mi-octobre, qui pourrait bien se poursuivre au début de l'année 2023. Qu'elle entre en récession ou non, l'économie ralentit et les attentes des analystes en matière de profits sont actuellement trop élevées. Les analystes tablent présentement sur une croissance des profits de 5.3% pour 2023 alors qu'en période de récession, ces profits baissent en moyenne de 20 %.
Ce contexte suggère que de meilleures occasions d'achat pourraient survenir dans la seconde moitié de 2023. Pour cette raison, l'augmentation du niveau d'encaisse et la surpondération des obligations nous semblent une bonne stratégie en première moitié de 2023. Ce remaniement tactique sera entrepris selon la tendance des marchés en début d'année.
Nous vous remercions de votre confiance!
N'hésitez pas à nous contacter, nous sommes à votre disposition.
Meilleures salutations et bonne année 2023!
Isabelle, Chantal, Xavier, Thomas, Sébastien et Jean-François
Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.