Le premier trimestre de 2022 a été passablement difficile pour la plupart des marchés boursiers. Après avoir clos l’année 2021 sur une note enthousiaste, les pressions inflationnistes et les hausses de taux attendues de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont miné la confiance des investisseurs. La grande surprise de ce trimestre a été l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a provoqué une envolée des prix du pétrole, du gaz naturel, du blé et de plusieurs autres produits de base.
Après plus de deux ans de mesures sanitaires et de politiques monétaires accommodantes pour contrer les effets de la COVID-19 et de ses variants, il est maintenant venu au tour de l’inflation de faire son œuvre et de semer l’inquiétude sur la croissance économique. Au Canada, l’inflation mesurée par l’IPC s’est établie à 5,7 % en février dernier, tirée par la hausse des prix de l’énergie et des aliments, ainsi que par les perturbations de l’approvisionnement conjuguées à la forte demande mondiale et intérieure. La Banque du Canada s’attend maintenant à ce que l’inflation atteigne presque 6 % en moyenne durant le premier semestre de 2022. Elle devrait ensuite baisser pour s’établir à environ 2 ½ % au deuxième semestre de 2023 et retourner à la cible de 2 % en 2024.
Le grand enjeu des banques centrales pour les prochains mois consistera à normaliser les taux directeurs pour réduire l’inflation tout en évitant une récession. À moins que la Fed n’étouffe le cycle économique en appuyant pesamment sur le frein monétaire, une récession est peu probable d’ici 12 à 18 mois. Les modèles de récessions de la Fed de New York et de Cleveland donnent une probabilité d’à peine 6 % à cette éventualité. De plus, le marché du travail est dynamique, comme en témoigne la création de 1,2 million d’emplois en février et mars. La demande de biens et services reste forte. Nous croyons cependant que l’Europe, touchée par le conflit en Ukraine, est plus à risque de tomber en récession en 2023.
Le mot stagflation gagne en popularité. Pourrions-nous vivre une période de croissance économique faible ou nulle conjuguée à une forte inflation au Canada et aux États-Unis? Cette possibilité est fort probable dans les prochains mois si l’inflation continue son œuvre et que les bénéfices des entreprises diminuent avec l’effet des hausses de taux et les problèmes d’approvisionnement. C’est une situation que nous envisageons, mais espérons plutôt un atterrissage en douceur de l’activité économique en Amérique du Nord pour la prochaine année. La forte demande et le faible taux de chômage nous épargneront-ils la stagflation? Les données économiques des prochains mois nous le diront.
En conclusion, nous demeurons optimistes et confiants compte tenu de la politique des banques centrales qui resteront accommodantes dans un monde économique en évolution. Le conflit actuel en Ukraine pourrait faire changer les prévisions économiques. La toile de fond géopolitique est en transformation. La guerre a rapproché l’Europe des États-Unis et confirmé le rôle de l’OTAN. Elle semble aussi avoir transformé les relations entre la Chine et la Russie. Bref, l’amitié serait sans limites, mais la coopération en serait autrement.
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