Lettre financière, décembre 2021, 56e édition

Un air de déjà vu

 

Bien que l’année 2021 se soit terminée sur un air de déjà vu pas très agréable en raison d’un nouveau variant, elle aura été marquée par un certain retour à la normale grâce, entre autres, au déploiement à grande échelle des vaccins. Selon les données les plus récentes, 55 % de la population mondiale aurait reçu au moins une dose. Le Canada s’inscrit parmi les endroits les plus vaccinés au monde avec un taux de 76 % de la population pleinement vaccinée. Le prochain défi sera assurément de permettre aux régions moins développées d’en faire autant afin de limiter l’émergence de nouveaux variants.

 

Ces avancées sur le plan vaccinal, jumelées aux programmes d’aide des gouvernements, ont permis une reprise économique impressionnante. En cours d’année, la croissance nord-américaine a dépassé son niveau d’avant la pandémie et la récupération du marché du travail se poursuit, même si la pénurie de main-d’œuvre touche de nombreux secteurs de l’économie.

 

La force de la demande des consommateurs, en plus des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, a même poussé l’inflation à des niveaux jamais vus depuis les années 80. Bien que plus forte que prévu, il est probable que l’inflation diminue au cours des prochains mois. Il faudra surveiller de près l’augmentation des salaires, puisque c’est cette composante de l’inflation qui soutiendra ou non une augmentation des prix à plus long terme.

 

Notre scénario pour 2022

 

Bien qu’il faille réduire quelque peu les attentes et prévoir plus de volatilité, nous prévoyons une autre belle année sur les marchés boursiers en 2022. Il est encore trop tôt pour positionner les portefeuilles en fonction d’une récession, mais ce sera probablement ce que nous ferons en 2023 ou en 2024.

 

La croissance économique des pays du G7 qui atteindra vraisemblablement 4,5 % au dernier trimestre de l’année ralentira certainement en 2022, mais elle le fera d’un niveau très élevé. Le retour au plein emploi et l’inflation inciteront les banques centrales à commencer à lever le pied de l’accélérateur, mais les conditions financières demeureront extrêmement accommodantes. 

 

En raison d’un marché de l’emploi effervescent et un surplus d’épargne immense à sa disposition, le consommateur risque de continuer à stimuler l’économie. En outre, les entreprises voudront créer de nouvelles capacités de production, rebâtir leurs inventaires et automatiser leur production afin d’affronter la pénurie de main-d’œuvre.

 


 Comme nous avons pu le voir dans les derniers jours de l’année, la pandémie n’est toujours pas terminée et c’est ce qui constitue encore cette année l’un des principaux risques à notre scénario.  

L’augmentions des taux d’intérêt par les banques centrales n’est pas à craindre tant que ceux-ci n’atteignent pas un niveau suffisant pour freiner l’économie, ce qui ne sera vraisemblablement pas le cas en 2022. Lors des 4 derniers cycles d’augmentation des taux d’intérêt, le rendement moyen du S&P 500 12 mois après la première hausse de taux par la Fed était en moyenne de 9,5 %.

 

Tant qu’une récession ne sera pas à l’horizon, nous ne prévoyons pas de baisses importantes et soutenues des marchés boursiers. Cependant, la volatilité qu’engendrera un contexte de ralentissement du rythme de croissance économique, jumelé à l’amorce du cycle de normalisation des politiques monétaires, générera de la volatilité et des occasions sur les marchés.

 

Positionnement du portefeuille

 

Répartition d’actifs

Globalement, la toile de fond demeure favorable à une continuité du cycle d’investissement en 2022. C’est pourquoi dans un portefeuille équilibré (50-50), nous adoptons une cible de répartition de 40 % en revenu fixe, de 50 % en actions et de 10 % en actifs réels. Bien que ce positionnement puisse sembler optimiste, il s’agit surtout d’un positionnement relatif alors que plusieurs catégories d’actifs sont actuellement dispendieuses et que les aubaines se font plus rares.

 

Revenu fixe

Les taux d’intérêt seront à la hausse. C’est pourquoi nous sous-pondérons cette catégorie d’actifs et continuons de préconiser de courtes échéances afin de limiter la volatilité et protéger les portefeuilles. Nous aurons l’occasion de renouveler certaines obligations en cours d’année à des taux sensiblement plus intéressants. Plus nous approcherons de la prochaine récession, plus nous augmenterons la durée et la qualité des émetteurs du portefeuille.

 

Actions

Notre position en ce début d’année est un peu plus prudente que notre cible pour 2022. Le portefeuille équilibré est actuellement composé à 46,5 % d’actions. Nous croyons que la volatilité sera de retour en 2022 et visons à ramener notre pondération en actions à la cible de 50 % en raison de la faiblesse des marchés boursiers. Nous suivons de près plusieurs titres qui se négocient encore à un cours raisonnable.

 

Diversification géographique et sectorielle

 

Depuis 10 ans, le style croissance a été propulsé par ses composantes technologiques. Cependant, l’écart entre le ratio cours-bénéfices du secteur technologique par rapport aux autres secteurs qui composent le S&P 500 est à son plus grand depuis l’ère de la bulle technologique (Graphique 3). Même si les ratios de certaines entreprises peuvent se justifier en fonction des facteurs fondamentaux, dans plusieurs cas, les multiples d’évaluations irréalistes peuvent créer de brusques replis à la moindre déception. Nous sous-pondérons le secteur et limitons notre sélection de titres aux sociétés les plus solides. À l’opposé, les composantes cycliques ou valeurs se négocient encore à des escomptes les plus élevés des 10 dernières années.

 

 

Géographique : Pour le moment, la reprise économique et la forte croissance des profits des entreprises continuent de favoriser les actions nord-américaines au détriment des sociétés européennes ou émergentes. C’est pourquoi nous maintenons une légère surpondération des sociétés américaines en portefeuille. Nous allons rester à l’affût d’un renversement de cette tendance avant d’augmenter notre exposition aux sociétés mondiales qui se négocient à des multiples d’évaluation beaucoup plus faibles que les actions américaines.

 

Sectoriel : Comme en 2021, les titres des sociétés financières conserveront une place de choix dans le portefeuille. Elles devraient profiter d’un cycle robuste de demandes de crédit, particulièrement dans le secteur commercial. Par ailleurs, la remontée des taux et l’accentuation de la courbe de rendement s’avèrent généralement profitables aux banques.

 

Puisque le cycle économique se prolonge, le contexte devrait être favorable aux sociétés industrielles et énergétiques. Nous maintenons une position dans les producteurs d’énergies renouvelables puisque nous avons atteint un point de non-retour dans la transition énergétique. Les possibilités de croissance dans ce secteur sont immenses. Nous n’avons qu’à penser à Boralex qui prévoit doubler sa production d’énergie d’ici 2025, puis de la doubler encore une fois d’ici 2030. Cependant, l’année 2021 nous a rappelé que dans le terme « transition énergétique », il y a le mot « transition ». Une transition peut se faire lentement.

 

Parmi les autres secteurs à surveiller en 2022, notons les sociétés productrices de cuivre, sociétés qui seront au cœur des efforts de transition énergétique. Il faut 4 fois plus de cuivre pour construire une automobile électrique comparativement à une automobile à combustion. L’équilibre entre l’offre et la demande est déjà précaire, et puisqu’il faut entre 8 et 10 ans pour mettre en marche un nouveau site de production de cuivre, les facteurs fondamentaux pointent vers un prix élevé pour les prochaines années.

 

Le secteur de la santé est encore notre secteur défensif de prédilection étant donné son évaluation plus faible, la force des profits et la solidité de la croissance. Les élections de mi-mandat qui approchent aux États-Unis devraient limiter les risques réglementaires pour ce secteur.

 

Actifs réels : Les actifs réels prendront une place importante dans la répartition des portefeuilles. La diversification, la réduction de la volatilité et les revenus réguliers qu’ils procurent restent un atout important dans l’atteinte de vos objectifs à long terme. Les placements en infrastructures privées, que nous serons possiblement en mesure d’ajouter aux portefeuilles dans les prochains mois, réunissent toutes ces caractéristiques.

 

Les marchés financiers évoluent à une vitesse fulgurante. Notre rôle est de vous accompagner dans l’optimisation et la gestion de votre patrimoine en bâtissant des portefeuilles solides. Pour ce faire, nous croyons qu’il est essentiel d’adopter une approche balisée, mesurée et équilibrée.

 

Malgré ses nombreux défis, l’année 2021 aura été une année de croissance exceptionnelle pour l’équipe. Nous désirons souhaiter la bienvenue à tous les nouveaux clients qui se sont joints à nous cette année et remercier tous nos clients qui ont accepté de nous faire confiance encore cette année.

 

De la part de toute l’équipe, bonne et heureuse année 2022!  

 

Sources :

  • BCA Research, Strategy Outlook – 2022 Key views: The beginning of the end, 2 décembre 2021
  • Credit Suisse U.S. Equity Strategy, Taper and tightening but no tantrum, 13 décembre 2021
  • Desjardins, Le Trimestriel – Hiver 2021
  • Desjardins, Études économiques, Rétrospective 2021, 17 décembre 2021

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