Sans surprise, la Banque du Canada a annoncé, le 7 septembre 2022, une hausse de 75 points de base de son taux directeur, qui se situe maintenant à 3,25 %. Même son de cloche chez nos voisins du sud, qui ont récemment relevé leur taux directeur de 0,75 %. L’inflation est encore trop élevée et les taux d’intérêt devraient demeurer élevés pour un certain temps.
Dans son communiqué d’information de septembre, la Banque du Canada a affirmé que, compte tenu des perspectives d’inflation, le taux directeur pourrait augmenter davantage et que le conseil de direction de la Banque est « déterminé à tenir son engagement face à la stabilité des prix et continuera de prendre les mesures nécessaires pour atteindre la cible d’inflation de 2 % ». Même chose du côté de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui s’est dit déterminée à maîtriser l’inflation coûte que coûte, même au prix d’un ralentissement économique significatif. Le taux directeur américain est d’ailleurs à son plus haut niveau depuis la crise financière de 2008. Cependant, l’inflation semble montrer des signes de ralentissement; la Fed entrevoit une inflation à 5,4 % d’ici la fin de l’année, à 2,8 % en 2023 et à 2,3 % en 2024. Au Canada, la croissance des prix a ralenti dans quatre composantes principales en août, et les prix de l’essence ont affiché une seconde baisse mensuelle consécutive. À l’inverse, l’augmentation des prix dans les épiceries est la plus marquée depuis 1981. Bien que nous n’ayons pas de contrôle sur l’inflation, ce que nous pouvons contrôler, en revanche, ce sont les gestes que nous poserons en tant qu’investisseurs et parties prenantes des marchés financiers. Et il est primordial de s’en souvenir!
Malgré un début de trimestre convaincant, un discours de 8 minutes du président de la Fed Jerome Powell, à la fin du mois d’août, est venu nettement calmer les ardeurs des investisseurs. La raison : les taux d’intérêt continueront à augmenter et resteront élevés pour un certain temps. Le S&P 500 est désormais en baisse de plus de 25 % pour l’ensemble de 2022 et le Nasdaq a chuté de plus de 33 %. Au Canada, l’indice S&P/TSX est en baisse de plus de 13 % depuis le début de l’année 2022 et l’indice obligataire a chuté d’environ 12 %.
Dans notre lettre financière du second trimestre, nous écrivions ceci : « Lorsque nous sommes investis dans les marchés boursiers, les chocs font partie intégrante du décor. En effet, sur une décennie, la probabilité qu’un investisseur vive de deux à quatre ressacs boursiers notoires est de près de 80 %! Rester investis est souvent la meilleure solution à long terme, et il faut voir les fluctuations sur les marchés comme des opportunités entièrement corrélées à nos convictions. » C’est encore plus vrai aujourd’hui, et une analyse succincte de la corrélation entre la confiance des consommateurs et le marché boursier américain semble valider notre thèse : historiquement, lorsque la confiance des consommateurs est à des niveaux anormalement bas, le rendement subséquent sur douze mois est largement positif. Le temps est inéluctablement un allié de taille de l’investisseur.
Le graphique ci-dessous réalisé par la firme américaine J.P. Morgan Asset Management, montre la relation entre la confiance des consommateurs (donnée par le Consumer Sentiment Index) et le rendement subséquent sur un an (donné par le rendement de l’indice américain S&P 500). En novembre 2008, par exemple, on constate que la confiance des consommateurs était très basse, mais que le rendement du S&P 500 sur les douze mois subséquents a été largement positif, soit 22,2 %. Comme vous serez à même de le constater dans ce même graphique, la confiance des consommateurs est actuellement très basse, ce qui, bien que le passé ne se porte pas toujours garant de l’avenir, laisse présager des rendements intéressants à moyen terme et confirme que des opportunités se créent par les temps qui courent.
Ajoutons également que les multiples d’évaluation des entreprises qui se transigent sur les marchés financiers se rapprochent (finalement!) de leurs moyennes sur 25 ans. En effet, le ratio cours-bénéfice des 500 plus grandes entreprises américaines est présentement de 16,65, comparativement à une moyenne sur 25 ans de 16,84. Et il serait encore plus faible en excluant les composantes surévaluées du S&P 500, comme Tesla, pour ne pas la nommer. Souvenez-vous que, toutes choses étant égales par ailleurs, plus le ratio cours-bénéfice d’une entreprise est bas, plus celle-ci devrait être attrayante pour un investisseur, car il pourra en faire l’acquisition à un prix plus raisonnable. Pour la même tomate au supermarché, préféreriez-vous payer 1 $ ou 80 cents?
Sur les marchés obligataires, nous observons qu’avec les hausses de taux d’intérêt récentes, plusieurs instruments affichent les taux d’intérêt les plus élevés depuis plus de dix ans. Nous sommes d’avis que c’est une excellente nouvelle à moyen et long terme, et plus spécialement pour repositionner des portefeuilles plus conservateurs. En effet, ces portefeuilles sont souvent détenus par des investisseurs à la retraite ou à l’aube de la retraite, et l’opportunité est tout indiquée pour s’offrir des rendements plus élevés. Après tout, le meilleur indicateur de rendement d’une obligation restera toujours son rendement à l’échéance, et celui‑ci est fonction… des taux d’intérêt!
En réponse au resserrement monétaire actuel, plusieurs gestionnaires de portefeuille ont rallongé la durée de leurs portefeuilles obligataires afin que ceux-ci soient plus sensibles aux potentielles baisses de taux d’intérêt. Depuis le début de l’année 2022, nous nous sommes abstenus de rallonger nos portefeuilles obligataires, car nous étions d’avis que les marchés financiers n’anticipaient pas assez de hausses de taux d’intérêt dans l’avenir. Et cette décision a été bénéfique pour la préservation du capital de nos clients. Nous passerons à l’action au moment opportun et continuerons à faire preuve de prudence.
Obligations vs CPG
Au vu de la conjoncture actuelle, notre équipe favorise les obligations plutôt que les certificats de placement garanti. Explications.
Lorsque les marchés traversent des périodes de volatilité, la tendance naturelle des investisseurs est de changer de plan, soit généralement d’abandonner la croissance de leur capital pour favoriser la protection de ce dernier. Ce faisant, plusieurs investisseurs font une croix sur une gestion de titres à revenu fixe et favorisent l’utilisation accrue de certificats de placement garanti (CPG).
Bien que les CPG permettent de répondre à certains besoins chez l’investisseur, il y a certains aspects à ne pas négliger. Contrairement aux titres à revenu fixe, il faut attendre à l’échéance du CPG pour pouvoir accéder aux sommes investies. Non seulement le marché obligataire permet-il de générer un rendement courant, mais il est également utile pour offrir de la liquidité, et ce, même en période de turbulence.
Si récession il y a, les marchés des actions pourraient reculer davantage et offrir de nouvelles opportunités. Et pour profiter de ces occasions, il faudra pouvoir compter sur des munitions, soit des liquidités! Le marché obligataire est donc tout indiqué.
Bien qu’il puisse sembler attrayant de faire l’achat d’un CPG à l’heure actuelle, un tel placement illiquide ne pourrait faire profiter son détenteur d’une baisse éventuelle des marchés des actions et de leur rebond subséquent. Même si le CPG peut sembler une bonne option à court terme, ses qualités peuvent s’estomper avec le passage du temps.
Voici les plus récents changements que nous avons apportés à nos portefeuilles modèles en gestion discrétionnaire :
Durant le troisième trimestre de 2022, nous avons pris de nouvelles positions dans Canadian Apartment Properties REIT et Brookfield Asset Management.
Canadian Apartment Properties est une fiducie canadienne de placement immobilier dont l’activité principale est l’acquisition et la location d’immeubles locatifs résidentiels à logements multiples situés à proximité des grands centres urbains au Canada. Depuis le début de l’année, nous nous sommes tenus à l’écart du secteur de l’immobilier, ce qui s’est avéré bénéfique jusqu’à présent. Cependant, les récentes baisses qui ont affecté le secteur nous ont permis d’acheter Canadian Apartment Properties à escompte (plus de 20 %!) et de réduire notre sous-pondération dans le secteur de l’immobilier.
Brookfield Asset Management est une entreprise de gestion d’actifs canadienne qui gère un portefeuille global de 510,6 milliards de dollars investis pour ses clients. Les actifs de la firme se concentrent dans la propriété, l’énergie renouvelable, les infrastructures et les entreprises privées. Ses actifs sont répartis dans le monde entier, bien que concentrés aux États-Unis, au Canada, au Brésil et en Australie. Nous croyons avoir payé un prix plus que raisonnable pour une entreprise de grande qualité et serons enclins à consolider notre position dans les mois à venir selon la tangente que prendront les marchés.
Pour terminer, voici comment nous comptons positionner l’ensemble de nos portefeuilles de placement dans les mois à venir :
Comme à l’habitude, nous demeurons disponibles en tout temps si besoin est. Nous vous souhaitons un bel automne et vous remercions sincèrement de votre confiance.
Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.