Le premier trimestre de l’année aura été marqué par un faible ralentissement de l’inflation et par un raffermissement du spectre d’une légère récession mondiale. C’est d’ailleurs ce sur quoi nous tablons actuellement comme scénario le plus probable dans l’élaboration de nos stratégies de portefeuille.
Le 7 mars dernier aux États-Unis, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a averti que les taux d’intérêt devraient augmenter davantage que ne l’avaient prévu initialement les décideurs de la banque centrale. En marge d’une allocution à Capitol Hill, il a déclaré que « si la totalité des données devait indiquer qu’un resserrement plus rapide est justifié, nous serions prêts à accélérer le rythme des hausses de taux ». M. Powell signale ainsi que la tendance actuelle montre que le travail de lutte contre l’inflation de la Fed n’est pas terminé. Les banquiers centraux américains réitèrent leur détermination à vaincre l’inflation, et ce, en étant conscients des dommages collatéraux possibles pour le marché de l’emploi, bien que la stabilité du système financier demeure une priorité absolue. Pensons aux aides consenties aux banques dans la foulée de l’affaire Silicon Valley Bank. Cela contraste avec le discours des décideurs de la Banque du Canada, qui semblent désormais moins prêts à tout que leurs homologues au Sud. Il faut dire que l’approche plus conservatrice de la Banque du Canada se justifie par l’efficacité relative des hausses de taux jusqu’à présent. Nous tablons néanmoins sur une récession mondiale légère : l’inflation diminue lentement, les banques centrales maintiennent des politiques restrictives plus longtemps qu’anticipé, le marché de l’emploi se détériore et l’on observe un faible ralentissement de l’activité économique. Nous vous assurons cependant que vos portefeuilles seront parés à cette éventualité.
Après un début de trimestre sur les chapeaux de roue, les bonnes nouvelles sont rapidement devenues des mauvaises nouvelles en février. Aux États-Unis, le marché des actions s’est apprécié de 7,4 % lors des 3 premiers mois de l’année, alors que le marché des obligations a crû de 2,9 % pendant la même période.
Le départ canon des bourses mondiales en janvier était le prolongement de l’optimisme contagieux auquel nous avons assisté à la fin de l’année 2022. De plus, la diminution des attentes inflationnistes a laissé présager que les banques centrales arrivaient peut-être à la fin de leur cycle de resserrement monétaire. Bilan du mois de janvier :
Nul besoin de mentionner que ces bonnes performances ont poussé certains investisseurs à céder à l’euphorie, et ce, malgré le fait que les analystes continuaient à revoir leurs attentes de bénéfices à la baisse. De notre côté, nous sommes demeurés prudents.
La suite des choses nous aura donné raison. En effet, la bonne tenue des indicateurs économiques est venue tempérer les espoirs de baisses de taux, ce qui a induit sur les marchés boursiers les effets indésirables que nous connaissons. Bilan des « mauvaises bonnes nouvelles » :
Notons que le secteur des matériaux au Canada a été très volatil, notamment en raison du repli de plusieurs commodités, dont l’or, l’argent, le cuivre, le bois et les denrées agricoles. Nous continuons de demeurer prudents face à ce secteur de l’économie canadienne. De plus, l’appréciation de la devise américaine par rapport à la devise canadienne aura été bénéfique pour nos portefeuilles.
Le réalignement de la politique monétaire anticipé par les marchés a eu un effet direct sur les marchés des actions, mais plus particulièrement sur les marchés obligataires. Nous avons en effet assisté à un recul de près de 2 % de l’indice obligataire canadien, alors que les échéances à court terme ont nettement mieux réagi que les échéances à moyen et long terme, d’où l’importance d’être particulièrement prudents lors de l’élaboration de stratégies obligataires. Mentionnons au passage que la baisse graduelle des taux d’intérêt anticipée en 2024 en raison de l’assouplissement prévu des politiques monétaires devrait déboucher sur une reprise économique, laquelle pourrait donner un élan considérable aux marchés boursiers et aux marchés obligataires. Or une baisse des taux d’intérêt signifie de facto une augmentation de la valeur marchande des obligations en circulation. C’est le fameux « effet trampoline » que vous connaissez bien maintenant. Nous comptons en profiter pour vous!
Comme une légère récession mondiale nous semble probable à court et moyen terme, la prudence et la vigilance sont de mise dans l’élaboration de nos stratégies de portefeuille. Nous privilégierons les entreprises offrant des monétisations résilientes et défensives, et serons très attentifs aux prix payés pour s’en porter acquéreurs. « Le prix est ce que vous payez et la valeur, ce que vous obtenez », de dire monsieur Buffett. Voici ce que nous entendons faire.
Dans un premier temps, nous comptons surpondérer l’encaisse, considérant le rendement attrayant à faible risque offert.
Dans un deuxième temps, une sous-pondération des actions et de la prudence dans le choix des titres sont de mise. Le marché américain est actuellement valorisé en raison de sa moyenne historique, mais les entreprises résilientes pourront toutefois tirer leur épingle du jeu dans les conditions économiques actuelles.
Finalement, sur le plan obligataire, nous prônons la neutralité. Même si le marché des obligations nous paraît prometteur à l’heure actuelle, il existe des scénarios où l’inflation pourrait persister et forcerait les banques centrales à en faire davantage, comme mentionné par le président de la Fed en mars. L’institution ne veut pas perdre sa crédibilité, les banques centrales vont donc s’assurer de ne pas crier victoire en imposant des baisses de taux hâtives. Nul besoin de tenter de prévoir la fin des hausses de taux à la perfection. Historiquement, la performance de l’univers des obligations dans une période de 6 mois avant la fin des hausses de taux est de +3,7 %. Durant les 12 mois suivant le sommet des hausses, le rendement moyen est de 7,5 %! L’inflation élevée (bien qu’en perte de vitesse) et une légère récession favoriseraient les obligations et permettraient de rétablir les qualités d’assurance des obligations. Les obligations offrent la meilleure occasion depuis la grande crise financière (2008) alors que l’inflation est en baisse et que l’activité économique est en voie de perdre de son élan. Mais encore là, la prudence est de mise et il ne faut pas brusquer les choses.
Voici les plus récents changements que nous avons apportés à nos portefeuilles en gestion discrétionnaire.
Durant le premier trimestre de 2023, nous avons poursuivi notre processus stratégique de sous-pondération en actions en profitant de l’excellent mois de janvier que nous avons connu afin d’engranger des profits. Nous avons également bonifié nos positions dans TELUS, dans Berkshire Hathaway et dans Brookfield Corporation. Finalement, nous avons entrepris la vente du fonds ZUB, un fonds équipondéré de banques américaines.
TELUS est l’un des 3 grands fournisseurs de services sans fil au Canada. Avec près de 10 millions d’abonnés à son service de téléphonie mobile à l’échelle nationale, l’entreprise accapare près de 30 % du marché total. Voici pourquoi nous apprécions particulièrement TELUS :
Pour ce qui est de ZUB, nous avons amorcé notre sortie du fonds en réaction au départ canon que nous avons connu en ce début d’année et en raison de la détérioration de certains facteurs propres aux bilans des banques américaines de petite et moyenne taille (banques régionales). Nous avons ainsi évité la débâcle du printemps, provoquée par la faillite de la Silicon Valley Bank le 9 mars dernier. Nous surveillons activement l’évolution de la situation et ses répercussions.
Pour terminer, permettez-nous de vous souhaiter un printemps 2023 à la hauteur de vos attentes. Nous vous remercions pour votre confiance indéfectible. Comme à l’habitude, nous demeurons disponibles en tout temps si nécessaire.
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