Bilan du deuxième trimestre 2024

L’économie en bref

Le 5 juin dernier, la Banque du Canada a opté pour un abaissement de 25 points de base du taux directeur. En effet, le taux cible du financement à un jour canadien est passé de 5 % à 4,75 %. Le taux directeur du Canada demeure donc inférieur à celui de la Réserve fédérale américaine (Fed). Bien que le taux directeur canadien ne doive pas nécessairement être calqué sur le taux directeur américain, du propre aveu du grand patron de la Banque du Canada, un appariement demeure souhaitable.

De l’avis des prévisionnistes et économistes, la Banque du Canada peut en effet se permettre d’abaisser le taux directeur canadien avant que la Fed ne le fasse. Cela dit, les probables contrecoups sur le dollar canadien devront être sérieusement pris en compte par les instances de la Banque; une « divergence économique » trop importante avec nos voisins du Sud n’est pas souhaitable. Dans son Résumé des délibérations du Conseil de direction, la Banque du Canada explique qu’« il n’était plus nécessaire d’avoir une politique monétaire aussi restrictive et qu’il convenait de réduire le taux directeur ». La Banque affirme également que si l’inflation continue à ralentir et à progresser durablement vers la cible de 2 %, il sera raisonnable de s’attendre à d’autres baisses graduelles du taux directeur. Mais tout n’est pas rose, et la Banque continuera à surveiller quatre indicateurs clés des pressions inflationnistes sous-jacentes, soit l’équilibre entre l’offre et la demande dans l’économie, les pratiques d’établissement des prix des entreprises, les attentes d’inflation et la progression des salaires par rapport à celle de la productivité. Pour terminer cette rubrique économique, mentionnons que les effets potentiels des nouvelles mesures budgétaires fédérales ont été quantifiés pour l’ensemble de nos clientes et clients et que nous avons déjà contacté celles et ceux pour qui des actions concrètes devaient être entreprises avant le 25 juin.

Les marchés en bref

La bourse mondiale (indice MSCI ACWI) s’est appréciée de 3 % lors du second trimestre de l’année, et ce, malgré la déconfiture d’avril. Sur la même période, les actions canadiennes ont enregistré une performance négative de -0,52 %. Le marché obligataire canadien (indice des obligations universelles FTSE Canada) a légèrement progressé au cours des trois derniers mois, affichant un rendement de 0,86 %. Les rendements obligataires ont chuté et la courbe de taux est demeurée inversée.

Confrontés à une inflation persistante et à la crainte que la Fed doive maintenir le taux directeur élevé, les marchés américains se sont écroulés en avril, lâchant près de 5,6 % par rapport aux sommets atteints en mars. Mais des données encourageantes sur l’emploi et des résultats financiers nettement au-dessus des attentes ont renversé la vapeur et permis aux marchés de clôturer le trimestre dans le vert. Comme quoi la patience est toujours de mise, spécialement en ce qui a trait à la bourse.

Le géant des technologies Nvidia, fabricant de puces électroniques bien connu, a poursuivi son ascension fulgurante lors des trois derniers mois. Le titre de l’entreprise s’est apprécié de 36,74 % et est maintenant en hausse de 200 % sur les 12 derniers mois. La contribution de Nvidia au rendement total du marché au deuxième trimestre s’est élevée à près de 46 %! C’est énorme, et ceux et celles pour qui Nortel ou Cisco n’est pas qu’un vague souvenir y verront un signal d’avertissement clair. Mais, hélas, la mémoire collective des investisseurs est courte. Très courte.

À notre sens et selon nos analyses, rien ne justifie une telle valorisation. Beaucoup de gestionnaires et d’analystes sont d’avis que le titre de Nvidia est maintenant à la merci des attentes (souvent irrationnelles) des investisseurs et qu’avec une valorisation à ce point hypertrophiée, un simple grain de sable dans l’engrenage serait amplement suffisant pour tout faire dérailler. Vous aurez compris que Nvidia ne fait pas partie des aubaines que nous nous efforçons de dénicher pour vous ces dernières semaines.

En hausse de 11,40 %, les actions des entreprises de technologie ont été sans surprise les plus performantes lors du second trimestre de l’année. À l’opposé, le secteur des matériaux a été le pire pour la même période, lâchant 5,88 % au cours des trois derniers mois.

Les marchés obligataires ont repris du poil de la bête au deuxième trimestre, dopés par une réaffirmation que des baisses de taux étaient envisageables à court terme. Notons que la courbe des rendements obligataires est inversée depuis près de sept trimestres consécutifs. C’est beaucoup. Rappelons qu’une courbe inversée (obligations à court terme offrant de meilleurs rendements que les obligations à long terme) annonce généralement une anémie économique ou une récession dans les mois subséquents, bien que cela ne se produise pas forcément.

Toujours dans l’univers obligataire, les marchés, qui anticipaient de six à sept baisses de taux pour 2024, escomptent maintenant une à deux baisses cette année. Aux États-Unis, on estime à 66,5 % les probabilités d’une baisse de taux de l’ordre de 0,25 % lors de la réunion de la Fed de septembre.

Pour terminer cette rubrique sur les marchés, notons les performances mitigées des principales cryptomonnaies au second trimestre. Au cours des trois derniers mois, le bitcoin a lâché 13,64 % et l’Ethereum 5,57 %. La volatilité extrême est toujours présente au pays des cryptomonnaies.

Notre stratégie de portefeuille et notre opinion sur la concentration et la valorisation excessives qui prévalent actuellement

En ce moment, la concentration est démesurée sur les marchés et les évaluations gonflées sont légion sur les principales places financières. La situation nous incite à redoubler de vigilance. Les aubaines se font plus rares, mais notre équipe demeure aux aguets. Chaque mois, nous analysons en profondeur plusieurs titres en nous appuyant sur des modélisations. Lorsque des occasions se présentent et qu’elles sont en adéquation totale avec notre philosophie d’investissement, nous les saisissons pour vous.

Parlons concentration et valorisation. Pour le S&P 500, la concentration des titres s’est encore accélérée. La part des 10 plus grandes sociétés constituant l’indice a atteint 35 %, ce qui représente un sommet en 50 ans et 8 % de plus que lorsque la bulle technologique était à son apogée en 2000… N’hésitez pas à jeter un œil au graphique ci-inclus. Autre fait digne de mention : le marché américain représente désormais 70 % de la capitalisation boursière mondiale, alors que son PIB compte pour environ 25 % du PIB mondial. Finalement, mentionnons qu’en date du 1er juin 2024, seulement 31 % des 500 entreprises composant le S&P 500 performaient mieux que celui-ci. C’est donc dire qu’une poignée de titres seulement s’est chargée de faire terminer le S&P 500 en territoire positif au second trimestre. Nous aimerions nettement mieux une contribution plus équilibrée et plus diversifiée.

Pour ce qui est de l’aspect « valorisation », le ratio cours/bénéfice anticipé du S&P 500 pour les 12 prochains mois a grimpé à 21,8, ce qui est 22 % plus élevé que la moyenne des 10 dernières années. De plus, le marché canadien (indice S&P/TSX) se négocie à un multiple de 15,5 fois les bénéfices, un escompte de 29 % par rapport au S&P 500, contre une moyenne de 15 % d’escompte depuis 2009. La capacité d’innovation et la qualité des entreprises américaines justifient une certaine prime d’évaluation, mais les faits précédents étayent notre thèse voulant que les aubaines soient de plus en plus rarissimes et que les marchés soient actuellement surévalués.

Maintenant, un mot sur notre stratégie et sur les plus récents changements que nous avons apportés à nos portefeuilles en gestion discrétionnaire :

En début d’année, notre position prudente favorisait une sous-pondération des actions au bénéfice de l’encaisse et des titres à revenu fixe. Au cours du second trimestre de 2024, nous avons complètement éliminé notre surpondération en encaisse afin de bonifier notre exposition aux titres à revenu fixe. Les rendements générés par l’encaisse (titres d’emprunt arrivant à échéance dans moins d’un an) seront négativement touchés par les baisses de taux à venir des banques centrales. Inversement, les titres à revenu fixe (titres d’emprunts dont l’échéance est supérieure à un an) pourraient bénéficier des baisses de taux, car la valeur marchande des obligations augmente lorsque les taux d’intérêt diminuent. Qui plus est, notre patience avant de déployer l’encaisse a été récompensée; les taux obligataires ont augmenté en début d’année en raison des fortes anticipations de baisses de taux qui prévalaient. En vendant des titres d’emprunt à très court terme au profit de titres d’emprunt dont l’échéance est plus lointaine, nous avons fait en sorte que les rendements soient élevés pour plus longtemps et que votre portefeuille profite davantage des baisses de taux à venir. Finalement, nous étions d’avis que la récente hausse des taux obligataires était probablement la dernière occasion d’augmenter notre exposition à des titres de revenu fixe de qualité avant un certain temps.

Dans les comptes enregistrés, nous avons effectué les transactions suivantes :

  • Vente partielle du FNB BMO obligations à très court terme (ZST) et achat du FNB iShares Core Canadian Short Term Bond Index (XSB)
  • Vente totale du FNB BMO obligations à très court terme (ZST) et achat du Fonds de revenu mensuel PIMCO (PMO205/PMO505)

Pour les comptes non enregistrés, nous avons procédé aux transactions suivantes :

  • Vente totale de l’obligation d’Hydro-Québec arrivant à échéance en 2025 et achat de l’obligation à escompte de la province de l’Ontario échéant en 2027
  • Vente partielle du FNB BMO obligations à très court terme (ZST) et achat du FNB d’obligations canadiennes à escompte RBC (RCDB)
  • Vente totale du FNB BMO obligations à très court terme (ZST) et achat du Fonds de revenu mensuel PIMCO (PMO205/PMO505)

Nous avons fait ces transactions afin d’augmenter la durée de notre portefeuille obligataire, ce qui nous permettra d’assurer des taux élevés pour notre clientèle pour plus longtemps. En outre, nous souhaitions avoir une position avantageuse pour bénéficier du potentiel d’appréciation bonifié de la valeur des obligations lors des baisses de taux d’intérêt.

Merci de continuer à nous faire confiance. Nous espérons que vous passerez un été 2024 à la hauteur de vos attentes. N’hésitez surtout pas à nous passer un coup de fil s’il y a quoi que ce soit.

Chacun des conseillers de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) dont le nom est publié en page frontispice du présent document ou au début de toute rubrique de ce même document atteste par la présente que les recommandations et les opinions exprimées aux présentes reflètent avec exactitude les points de vue personnels des conseillers à l’égard de la société et des titres faisant l’objet du présent document ainsi que de toute autre société ou tout autre titre mentionné au sein du présent document dont le conseiller suit l’évolution. Il est possible que VMD ait déjà publié des opinions différentes ou même contraires à ce qui est ici exprimé. Ces opinions sont le reflet des différents points de vue, hypothèses et méthodes d’analyse des conseillers qui les ont rédigées. Avant de prendre une décision de placement fondée sur les recommandations fournies au présent document, il est conseillé au receveur du document d’évaluer dans quelle mesure celles-ci lui conviennent, au regard de sa situation financière personnelle ainsi que de ses objectifs et besoins de placement.

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