Bilan du deuxième trimestre 2023

L’économie en bref

Au début du mois de juin, la Banque du Canada s’est résolue à augmenter son taux directeur d’un autre quart de point de pourcentage pour l’établir à 4,75 %. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis le printemps 2001. De son propre aveu, la Banque craint que l’inflation demeure « coincée nettement au-dessus de sa cible de 2 % ».

En mai dernier, la Banque du Canada a publié la mouture 2023 de sa revue annuelle du système financier, et nous l’avons analysé minutieusement pour vous. La Banque y adopte un ton consensuellement plus prudent qu’à l’habitude et lève clairement le voile sur ses orientations pour les mois à venir; la prudence et la vigilance seront de mise. L’institution écrit que les conjonctures des derniers mois « ont mis au jour certaines vulnérabilités, dont des modèles d’affaires qui dépendent beaucoup trop de taux d’intérêt bas et d’une volatilité faible. Ils rappellent aussi que les risques peuvent surgir et se propager rapidement. Alors que le secteur financier s’adapte aux taux d’intérêt plus élevés, les participants, les organismes de réglementation et les banques centrales doivent redoubler de vigilance à l’égard des vulnérabilités et des risques. » La Banque admet également qu’elle « s’inquiète plus que l’an passé de la capacité des ménages d’assurer le service de leur dette ». À cela s’ajoutent un marché de l’emploi qui demeure sous pression, une économie plus vigoureuse que prévu et une augmentation toujours élevée du coût de la vie. Cela rend fort probable l’annonce de nouvelles hausses de taux à court et moyen termes, surtout que les récentes majorations n’ont pas produit les résultats escomptés. Analystes et économistes s’entendent d’ailleurs pour dire que le « ton » de la Banque du Canada laisse présager d’autres hausses de taux en 2023. Nous sommes prêts à cette éventualité. Vos avoirs en portefeuille également.

Les marchés en bref

Le deuxième trimestre de l’année aura vu se dérouler un « rallye boursier », le S&P 500 bondissant de plus de 20 % par rapport à son plancher annuel et nous entraînant dans un « marché haussier » technique. Aux États-Unis, le marché des actions s’est apprécié de 8,5 % au cours des trois derniers mois, alors que le marché des obligations a reculé de 1,5 % durant la même période.

Nous participions de manière prudente et sécuritaire à cette frénésie boursière, mais permettez-nous quelques nuances qui, nous en sommes convaincus, vous seront salutaires :

  • Sur les 500 entreprises composant le S&P 500, seulement 7 ont généré 95 % des gains enregistrés par l’indice.
  • Les multiples des entreprises se sont nettement appréciés.
  • Il semble que le marché anticipe la fin des hausses de taux, ce qui est loin d’être certain.
  • En tout, 100 % du rallye boursier s’explique par l’expansion des multiples (le prix) des entreprises, et non par l’amélioration de leurs bénéfices propres. Ces derniers connaissent d’ailleurs une contraction en général.
  • On ne relève AUCUNE volatilité implicite sur le marché des options, alors qu’il devrait y en avoir.
  • En somme, cette récente hausse des marchés boursiers n’est motivée par aucun élément fondamental!

Vous comprendrez pourquoi nous sommes intrinsèquement convaincus de la pertinence d’une gestion de portefeuille prudente axée sur la sélection de titres de grande qualité achetés à prix raisonnable.

Si aucun élément fondamental ne semble justifier cette ascension fulgurante des marchés a priori, comment peut-on l’expliquer? À notre avis, le scénario est simple : le capital de risque en 2023 s’est entiché des entreprises actives dans le populaire domaine de l’intelligence artificielle (AI pour les intimes).

Ces dernières ont vu exploser leurs cours boursiers ainsi que la demande. Rappelez-vous les fameuses entreprises « .com » en 1998… L’intelligence artificielle est indéniablement porteuse de progrès importants pour nos sociétés, mais elle n’en demeure pas moins une saveur du moment, « boursièrement » parlant.

Si une entreprise en difficulté souhaite plaire à ses actionnaires et voir son cours boursier monter, elle pourra, dans l’environnement de marché actuel, intégrer l’intelligence artificielle à ses activités et ainsi voir s’apprécier considérablement la demande pour ses actions. Sous-estimer l’ampleur de la frénésie actuelle pour l’IA ne serait pas sage; les marchés boursiers sont à la fois rationnels et irrationnels. En effet, la rationalité boursière est factuelle et cohérente, alors que son aspect irrationnel est nourri par le fait que les principaux participants aux marchés financiers sont des humains guidés par des biais psychologiques et comportementaux importants. À preuve, le marché boursier est en hausse significative malgré les resserrements quantitatifs actuels.

Notre stratégie d’avenir pour les mois à venir et la différence entre prix et valeur

La prudence et la vigilance seront toujours de mise dans l’élaboration de nos stratégies de portefeuille. Nous privilégierons les entreprises dont les revenus seront imperméables à des conjonctures économiques troubles et nous serons encore une fois très attentifs aux prix payés pour s’en porter acquéreurs. La récente expansion des multiples et des évaluations a considérablement restreint nos possibilités.

La distinction entre le prix d’une entreprise et sa valeur est très souvent mal comprise ou simplement ignorée. Pourtant, la compréhension de la dynamique et de la dualité prix-valeur est essentielle, notamment pour la protection des actifs détenus en portefeuille au moyen de la concrétisation d’une marge de sécurité et pour la création de richesse à long terme. Prenons l’exemple suivant :

Le titre de l’entreprise A se négocie à 2 $ sur les marchés boursiers et dégage des bénéfices propres annuels de 5 cents l’action en circulation. En revanche, le titre de l’entreprise B se vend 4 000 $ l’action sur les marchés boursiers et dégage un bénéfice propre annuel par action de 500 $.

Beaucoup affirmeront – à tort – que l’entreprise A est « moins chère » que l’entreprise B. Or, une telle conclusion est inexacte, puisqu’elle repose sur une comparaison du prix des actions, et non sur une analyse comparative de la valeur intrinsèque des deux entreprises en question. En effet, l’actionnaire de l’entreprise A doit débourser une somme équivalente à 40 fois les bénéfices propres annuels de A pour s’en porter acquéreur, alors que l’actionnaire de l’entreprise B devra payer une somme correspondant à 8 fois les bénéfices propres annuels de B pour acheter ses actions. En somme, bien que le prix payé pour une action de l’entreprise B soit 2 000 fois supérieur à celui versé pour une action de l’entreprise A, l’actionnaire de l’entreprise B en aura 5 fois plus pour son argent! Cette notion fait partie intégrante de notre philosophie de gestion de portefeuille.

Voici les plus récents changements que nous avons apportés à nos portefeuilles en gestion discrétionnaire.

Durant le deuxième trimestre de 2023, nous avons poursuivi notre processus stratégique de sous-pondération en actions. Nous avons réalisé des prises de bénéfices sur certains titres, comme Microsoft et Alphabet, et nous avons vendu toutes nos positions dans Pepsi et Procter & Gamble. Nous sommes d’avis que ces entreprises sont maintenant pleinement valorisées. Nous avons également bonifié nos positions dans Brookfield Corporation et Pfizer.

Pfizer est une multinationale pharmaceutique menant aussi des activités dans le secteur des biotechnologies. L’entreprise a été fondée en 1849 et elle est présente dans plus de 150 pays. Voici pourquoi nous apprécions particulièrement Pfizer :

  • gamme bien remplie de nouveaux produits;
  • chef de file de son secteur d’activité;
  • évaluation très attrayante;
  • grandes réserves de liquidités;
  • acquéreur discipliné et aguerri;
  • dividendes stables, viables et attrayants.

Mentionnons également que nous avons poursuivi notre surpondération en encaisse et que nous sommes maintenant (et pour la première fois) surpondérés en obligations. Les occasions y sont non négligeables. En effet, plus les taux d’intérêt augmentent, plus les rendements obligataires sont attrayants et plus l’escompte sur les obligations se révèle intéressant et permet de maximiser les rendements nets d’impôt dans les comptes non enregistrés.

Pour terminer, permettez-nous de vous souhaiter un superbe été 2023. Nous vous remercions de votre confiance renouvelée et demeurons disponibles si vous en ressentez le besoin.

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