Le marché boursier a été malmené durant le premier semestre, et de façon plus significative en juin. Le conflit Ukraine-Russie, le confinement et la politique zéro COVID de la Chine, et plus particulièrement les statistiques de l’inflation qui ont atteint 8,6 % en variation annuelle, en mai aux États-Unis, et 7,7 % au Canada ont contribué à ajouter de l’incertitude. Le principal point est de savoir jusqu’où les banques centrales augmenteront les taux et à quel rythme. Ces hausses auront-elles un trop fort impact sur la croissance économique, et par le fait même sur les entreprises?
S&P/TSX (indice canadien) | -9,85 % |
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S&P 500 (indice américain) | -18,56 %1 |
MSCI mondial – Tous les pays | -18,56 %1 |
Indice des obligations universelles FTSE Canada | -12,23 % |
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Indice des obligations globales à long terme FTSE Canada | -22,13 % |
Indice des obligations globales à court terme FTSE Canada | -4,39 % |
1Taux calculés après conversion en dollars canadiens.
En devise américaine, les rendements du S&P 500 et du MSCI mondial ont été de -19,97 %.
Durant le dernier trimestre, on a assisté à des changements de discours, tant du point de vue des augmentations de taux des banques centrales que de celui des estimations de la croissance économique pour 2022 et 2023. Alors qu’on prévoyait une croissance économique de 3,5 % aux États-Unis et de 3,9 % au Canada en 2022, les dernières prévisions des Études économiques Desjardins indiquaient que la croissance du PIB aux États-Unis serait de 2,4 % en 2022, puis de 1,3 % en 2023 et de 3,4 %, puis de 1,1 % respectivement au Canada.
Le marché boursier a reculé de façon importante, faisant revenir les multiples d’évaluation presque à la moyenne des 50 dernières années. Les secteurs les plus touchés du côté du S&P 500 ont été les technologies (-26,9 %), les services de communication (-30,2 %) et la consommation discrétionnaire (-32,8 %). Alors que les titres obligataires ont toujours eu tendance à bien faire dans des replis de marché, la situation a été très différente cette fois, car l’inflation a dicté des hausses de taux, ce qui a eu pour effet de faire baisser la valeur des obligations (voir section « Marché obligataire au 30 juin 2022 » du tableau ci-dessus).
Comme nous l’avons déjà expliqué, nous isolons certaines statistiques économiques afin d’identifier le positionnement à adopter dans notre répartition d’actifs et notre répartition sectorielle. Ces statistiques nous aident à positionner la phase du cycle économique et, par le fait même, à positionner nos portefeuilles en conséquence.
Voici un aperçu de ces indicateurs pour janvier 2020 (avant la pandémie), 2021 (de janvier à mai 2021) et 2022 (de janvier à mai)
Date | Emplois non agricoles | Ventes au détail | Ventes totales d’automobiles | Production industrielle | ISM manufacturier | Indicateur avancé | Mises en chantiers résidentielles | Permis de bâtir résidentiels | S&P 500 mensuel | Revenu S&P 500 |
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2020/01/15 | 152 186 | 529 766 | 106 484 | 109,2 | 50,9 | 112,1 | 1 567 | 1 550 | 3 283 | 179 |
2021/01/15 | 142 631 | 568 215 | 118 836 | 107,2 | 58,7 | 110,3 | 1 580 | 1 881 | 3 843 | |
2021/02/15 | 143 048 | 561 685 | 115 666 | 104,7 | 60,8 | 110,5 | 1 421 | 1 682 | 3 901 | |
2021/03/15 | 144 120 | 619 105 | 134 128 | 105,6 | 64,7 | 111,6 | 1 739 | 1 766 | 3 904 | |
2021/04/15 | 144 308 | 619 923 | 139 485 | 106,3 | 60,7 | 113,3 | 1 569 | 1 760 | 4 129 | |
2021/05/15 | 144 894 | 620 214 | 135 879 | 99,9 | 61,2 | 114,5 | 1 572 | 1 681 | 4 155 | 202,50 |
2022/01/15 | 149 629 | 6 498 776 | 103,5 | 57,6 | 119,6 | 1 638 | 1 899 | 4 662 | ||
2022/02/15 | 150 399 | 658 128 | 103,5 | 58,6 | 119,9 | 1 769 | 1 865 | 4 471 | ||
2022/03/15 | 150 925 | 671 648 | 104,4 | 58,3 | 119,5 | 1 728 | 1 879 | 4 178 | ||
2022/04/15 | 151 314 | 677 711 | 105,6 | 57,1 | 119,2 | 1 724 | 1 823 | 4 392 | ||
2022/05/15 | 151 682 | 672 874 | 105,7 | 55,9 | 118,3 | 1 549 | 1 695 | 3 930 |
*Source : Desjardins, Études économiques
Comme nous pouvons le constater, certains indicateurs ont eu tendance à baisser en mai. Ces indicateurs (ventes au détail, ISM manufacturier, indicateur avancé, mises en chantier résidentielles et permis de bâtir résidentiels) sont précurseurs et annoncent une tendance de ralentissement de l’activité économique. On peut ajouter à cela la baisse du prix des métaux de base, la baisse de plus de 20 % des frais de transport par conteneur, etc. Les hausses de taux, la fin des rachats d’actifs par les banques centrales et le changement de consommation, passant de l’achat de biens (durant la pandémie) à l’achat de services (maintenant), sont des éléments qui aideront à faire baisser l’inflation à court et moyen terme.
Il reste un élément important dans l’équation, soit le rythme des hausses de taux par les banques centrales, lesquelles devront trouver un point d’équilibre entre baisse de l’inflation et maintien d’une activité économique vivante.
Le consensus des analystes pour les entreprises du S&P 500 indique des profits en hausse de 14,6 % pour 2022, soit de 228,16 $, et de 9,09 % pour 2023, soit de 248,91 $. Il nous apparaît que ces chiffres, surtout ceux de 2023 sont optimistes, car tôt ou tard, les entreprises devront payer plus cher leur financement et subir la baisse de leurs ventes. Il est difficile de chiffrer les bénéfices, mais si l’on applique un multiple de 17 fois les bénéfices du consensus de 2023, on obtient un S&P 500 à environ 4 200 points à la fin de 2022, soit une hausse de 10 % par rapport au prix actuel. Le multiple de 17 fois nous semble conservateur et il compense les bénéfices de 2023, plutôt optimistes. Pour ce qui est du Canada, le consensus table sur une croissance des bénéfices de 4,10 % en 2022 et de 2,9 % en 2023, ce qui porterait le bénéfice par action à 1 746 $. Si l’on appliquait un multiple de 12,5 fois, on aurait un S&P/TSX à 21 000 points, soit une hausse d’environ 13 %.
Que faut-il penser de l’évaluation actuelle des marchés? Pour enregistrer une bonne croissance des marchés, deux facteurs sont importants : d’une part, des bénéfices en hausse pour les sociétés et, d’autre part, une politique monétaire conciliante. Il est évident que la politique monétaire est restrictive actuellement, mais aussitôt que l’on détectera un signal de contraction de l’inflation, le ton des banques centrales pourrait être plus nuancé. Quant aux bénéfices des sociétés, la divulgation des résultats du deuxième trimestre commencera sous peu. On devrait avoir encore des résultats intéressants.
À plus court terme, nous pourrions assister à un rebond technique à la suite de la baisse importante des marchés et des statistiques de survente. Pour le plus long terme, il faudra revoir des catalyseurs offrant aux sociétés une croissance soutenue des bénéfices.
Un petit rappel pour ceux qui remettent en cause l’investissement dans le marché boursier. Au 30 juin, avec la baisse importante observée depuis le début de l’année, le S&P 500 affichait un rendement annuel de 11,08 % en dollars canadiens sur 5 ans, le S&P/TSX 7,63 % et l’indice obligataire canadien 0,18 %.
Notre stratégie depuis le début de l’année a été de maintenir une sous-pondération en obligations et une très courte durée. Pour la portion croissance, nous avons conservé de la liquidité, nous avons vendu partiellement des titres dans le secteur des ressources, qui avaient monté beaucoup. Nous restons à l’affût d’occasions dans une optique à long terme dans des sociétés bien capitalisées et offrant un retour sur le capital intéressant.
Parmi les éléments clés de nos décisions d’investissement, nous retrouvons toujours le positionnement sectoriel, la sélection d’entreprises pouvant démontrer la croissance de leurs bénéfices ou de leurs dividendes, l’analyse des marges bénéficiaires et les entreprises affichant un endettement raisonnable selon leur secteur.
Il se pourrait que la Réserve fédérale américaine augmente son taux directeur jusqu’à 3,5 % d’ici la fin de l’année, et jusqu’à 4 % l’an prochain. Le taux directeur se situe actuellement dans une fourchette de 1,5 % à 1,75 %.
Le discours de la Banque du Canada laisse entendre que le taux directeur pourrait aller jusqu’à 3 % alors qu’il est à 2,5 % actuellement, après la hausse de 1 % le 13 juillet. Tout dépendra des statistiques économiques et de l’inflation. Si ces dernières sont à la baisse, les banques centrales pourraient réduire la hausse de taux.
Selon l’analyse du 29 juin des Études économiques Desjardins, la devise canadienne pourrait s’échanger à 0,75 $ à la fin de 2022 et atteindre jusqu’à 0,73 $ en 2023.
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