Nouvelles financières – 5 août 2024

Dans les marchés

Les derniers jours ont été étourdissants à Wall Street, alors que les transactions les plus populaires de l'année se renversent. Jusqu'à très récemment, le scénario de base envisagé par les investisseurs était celui d'un atterrissage économique en douceur, laissant présager que l'économie américaine pourrait éviter la récession. Aujourd'hui, ils semblent avoir changé leur fusil d'épaule. Les inquiétudes concernant le ralentissement de l'économie américaine sont au centre des préoccupations des investisseurs, après que des données ont montré que la croissance de l'emploi avait fortement ralenti en juillet. Des cellules orageuses macroéconomiques se forment. Les marchés se sont réfugiés dans le marché obligataire, délaissant presque tout le reste, y compris les valeurs technologiques de grande capitalisation. Voici l'évolution des marchés de vendredi:

  • Plus de 2 900 milliards de dollars ont été effacés des principaux indices et actions en raison des craintes croissantes d'une récession mondiale. Vendredi a été la pire journée pour les actions depuis 2020 (attendez...aujourd’hui pourrait l’emporter).
  • Le S&P 500 a chuté de 1,8 %. Le Nasdaq 100 a chuté de 2,4 %. Le Russell 2000 a chuté de 3,5 %.
  • Le S&P 500 a connu sa pire séquence négative sur deux jours depuis mars 2023. Le Nasdaq 100 est officiellement entré dans une phase de correction, en baisse de plus de 10 % par rapport à son record atteint il y a environ un mois. Plusieurs mégacapitalisations ont fait l'objet de ventes concentrées, Nvidia et Tesla ayant chuté de plus de 20 % par rapport à leurs récents sommets, ce qui les place en bear market. De leur côté, Microsoft., Apple et Amazon ont perdu au moins 6 % chacun.

Cependant, tous ces titres restent en hausse sur l'année.

  • L'indice de volatilité CBOE (VIX) a grimpé à 29, ce qui ne s'était pas vu depuis la mini-panique bancaire régionale de mars 2023.
  • Le marché obligataire s'est redressé. Les taux du Trésor deux ans, sensible à la politique monétaire, a chuté de 31 points de base pour atteindre 3,84 %, son niveau le plus bas depuis mai 2023. Les taux de toutes les échéances ont diminué, le rendement de référence 10 ans perdant 15 points de base pour s'établir à environ 3,82 %. Les investisseurs craignent que la Fed ne soit en retard sur la courbe de réduction des taux d'intérêt, ce qui risquerait de provoquer une erreur de politique. Vendredi, les chances d'une réduction de 50 points de base du taux des fonds fédéraux (FFR) par rapport à une réduction de 25 points de base étaient de 2:1 en septembre.
  • Des géants de Wall Street comme Citigroup et JPMorgan ont appelé à une action plus agressive de la part de la Fed. S'exprimant sur Bloomberg Television, Austan Goolsbee, président de la Fed de Chicago, a déclaré que les responsables ne réagiraient pas de manière excessive à un seul élément de données, faisant écho aux commentaires de Jerome Powell mercredi.

Ce matin, la tendance mondiale à la baisse s'accélère. Les marchés boursiers mondiaux chutent, les contrats à terme de l'indice Nasdaq 100 culbutant de plus de 3,6 % et le S&P 500 de 4,9 %. Il s'agirait de la pire ouverture depuis les jours de la pandémie en mars 2020. Nvidia, Apple et Tesla chutent de plus de 7 % dans les échanges de prémarché. Les fabricants de puces, dont Intel Inc. et Advanced Micro Devices plongent également. Cette situation exerce une pression supplémentaire sur l'indice des semi-conducteurs de Philadelphie, qui est déjà dans une situation délicate (graphique x). Le bitcoin perd près de 14 %.

Le dollar US s'est affaibli et le marché obligataire continue de s’apprécier. Le rendement du Trésor à 10 ans a atteint son niveau le plus bas depuis un an. L'indice de volatilité CBOE, qui mesure la peur à Wall Street, a atteint son plus haut niveau depuis 2020. À noter que le marché canadien est fermé aujourd’hui pour congé civique.

Alors que les craintes d'un ralentissement de l'économie américaine s'intensifient, les investisseurs ont brièvement évalué à 60 % les chances d'une réduction d'urgence des taux d'intérêt par la Fed. Ce matin, les probabilités sont de 30 % et les attentes envers la politique de taux de la Fed sont chiffrés pour cinq réductions d'un quart de point des taux d'intérêt jusqu'à la fin de l'année. Les économistes de Goldman Sachs estiment à 25 % la probabilité d'une récession aux États-Unis au cours de l'année prochaine, contre 15 % auparavant. Ils ont ajouté que le risque restait limité et que l'économie continuait à être "bonne dans l'ensemble".

Faits saillants corporatifs

  • Berkshire Hathaway a réduit sa participation dans Apple de près de 50 %, tandis que l’encaisse de l’entreprise a atteint le chiffre record de 277 milliards de dollars. Les fournisseurs du fabricant de l'iPhone se sont effondrés dans le sillage de la baisse générale des cours, même si certains analystes estiment que Warren Buffett pourrait simplement prendre ses bénéfices.
  • Les actions de Nvidia sont également en baisse à la suite d'un rapport selon lequel les prochaines puces d'intelligence artificielle de l'entreprise seront retardées en raison de défauts de conception.

Le pétrole prolonge ses pertes jusqu'à un nouveau creux de sept mois, alors que la chute des marchés financiers a continué à exercer une pression sur les prix. Les contrats à terme sur le Brent ont glissé vers les 75 dollars le baril, effaçant les gains de cette année, et ont atteint leur niveau le plus bas depuis janvier. Le West Texas Intermediate est passé sous la barre des 72 dollars.

L'or oscillait entre gains et pertes plus tôt ce matin, les traders évaluant la déroute des marchés boursiers mondiaux et les tensions croissantes au Moyen-Orient. En ce moment, l’once est en baisse de 2,8 % (2 373 $). L'aggravation de la chute des actions pousse probablement certains investisseurs à liquider leurs positions sur l'or pour couvrir les appels de marge sur d'autres actifs, mais les paris croissants sur les réductions de taux de la Réserve fédérale et l'augmentation des risques géopolitiques soutiennent également le métal jaune.

Un peu de recul

Il est vrai que la Réserve fédérale pourrait être contrainte de réduire les taux d'intérêt avant sa prochaine réunion prévue en septembre, et ce, afin d'empêcher la formation d'une boucle de rétroaction négative entre les marchés et l'économie réelle (ce qui serait susceptible d'entraîner une récession). D’un autre côté, la Fed ne voudra pas admettre une erreur, et risquer de provoquer la panique, en réduisant ses taux avant sa prochaine réunion prévue en septembre.

En ce moment, nous sommes confrontés à une réaction excessive du marché. Ceci est un cas classique de panique, en grande partie exacerbée par l’irrationalité des investisseurs. Il est vrai que l’économie américaine semble ralentir, mais ce n’est rien d'alarmant, encore, si l'on prend un peu de recul.

Dès que les prix renversent abruptement sur les marchés boursiers, la voix des bears se multiplie soudainement et les déclarations du type « je l'ai toujours su » sont à l'ordre du jour. Mais attention, ces voix se font entendre depuis les 10 à 15 dernières années et ces soi-disant experts ont raté l'un des plus grands marchés haussiers depuis la grande crise financière. On doit se rappeler que des replis de marché, c’est un phénomène fréquent.

Mais encore, on peut ici pleinement apprécier la pleine valeur de la portion obligataire du portefeuille. Les obligations sont une catégorie d’actif défensive. L’investisseur en fait l’usage comme source de diversification, afin de réduire la volatilité et le risque de l’ensemble de son portefeuille. La bulle technologique de 2000, la crise financière des subprimes de 2008 et crise de la covid-19 en 2020, ça rappelle des souvenirs? Le marché obligataire a clairement su naviguer avec une plus grande aisance les eaux tumultueuses du moment. Ce phénomène de flight-to-safety s’explique par une décorrélation brusque entre obligations et actions en période de crise. Les obligations de qualité sont des abris sécuritaires le temps que le marché retrouve la quiétude de la rationalité.

En ce moment, les gens ont peur, ils vendent tout. Ainsi, lorsque la situation est aussi abrupte, en temps normal, la tendance s'arrête elle aussi rapidement. Quoiqu’il en soit, nous devrions toujours regarder vers l'avenir. La voie de l'investissement est un marathon, pas un sprint.

Alors qu’il est probablement encore prématuré pour racheter maintenant, nous recommandons de rester sur la défensive et d’être prêt à profiter de la correction pour acheter des actifs de haute qualité qui ont dérapé.

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