Au cours des derniers jours, la tension a augmenté d’un cran sur les marchés, alors que l’effondrement éclair de la Silicon Valley Bank (SVB) – 16e banque américaine selon les actifs jusqu’à récemment – et les difficultés de l’ensemble du secteur bancaire régional aux États-Unis font craindre le pire. Pour le moment, les conséquences négatives s’observent surtout au sein de ce secteur. Son indice de référence affiche une perte de 23,4 % depuis mardi dernier (-24,3 % CUM 2023), comparativement à un recul de 3,2 % pour le S&P 500 (+0,8 % CUM 2023) et à un gain de 6,0 % pour les bons du Trésor américain (+5,2 % CUM 2023).
Dans leur forme la plus simplifiée, les activités d’une banque consistent traditionnellement à prendre des dépôts (l’équivalent d’un passif de courte échéance) et à accorder des prêts (un actif de longue échéance). Pour assurer sa pérennité, l’institution financière doit donc s’assurer de maintenir suffisamment d’actifs liquides de haute qualité pour répondre aux demandes de retraits bancaires, peu importe les conditions. La particularité du contexte actuel réside dans la rapidité et l’ampleur des augmentations de taux d’intérêt décrétées par la Réserve fédérale américaine (Fed) au cours de la dernière année, qui ont deux importantes conséquences pour les banques. Tout d’abord, cette situation vient exercer une pression à la baisse sur les dépôts bancaires, alors que d’autres options générant un rendement sans risque appréciable existent. Ensuite, comme c’est le cas pour tous les investisseurs, la valeur marchande des obligations de qualité détenues par les banques a considérablement reculé depuis le début du cycle de hausses de taux.
Dans le cas de la SVB, deux éléments sont à noter. Premièrement, la concentration importante de ses clients au sein du secteur des technologies, qui comptait sur d’abondantes liquidités en 2020-2021, mais beaucoup moins maintenant. Deuxièmement, un bilan nettement surexposé aux obligations à long terme. Cette situation est rapidement devenue problématique et, confrontée à une incompatibilité entre son passif et son actif, la SVB a tenté de lever du nouveau capital au début du mois de mars. Mais cela a plutôt eu pour effet de mettre en lumière la fragilité de sa situation financière, poussant ses déposants à retirer leurs avoirs et ses actionnaires à vendre leurs actions.
Bien qu’un tel événement puisse nous rappeler un certain mois de septembre 2008, la situation est très différente aujourd’hui. Fortes des expériences passées, les agences gouvernementales sont intervenues rapidement pour endiguer les pertes et rétablir la confiance des investisseurs. Dès vendredi dernier, soit à peine trois jours après le début de la fin de la SVB, la FIDC (la société fédérale d’assurance dépôts) prenait le contrôle de la banque. Dimanche soir, la Fed, la FDIC et le Trésor américain annonçaient que la totalité des dépôts bancaires serait couverte. De plus, les banques américaines sont aujourd’hui en bien meilleure posture au chapitre de leurs bilans qu’elles ne l’étaient en 2008, avec des ratios de fonds propres et des liquidités à des niveaux sensiblement plus élevés.
Avec la poussière qui retombe, les événements de la semaine dernière semblent en grande partie être le résultat d’une série de mauvaises décisions prises par les dirigeants de la SVB, tant au niveau de la gestion de leur bilan que de la gestion de la crise.
Bien qu’il soit très improbable qu’une crise financière se matérialise, les marchés pourraient rester sur leurs gardes pendant encore un certain temps, d’autant plus que les autorités monétaires américaines seraient sur le point d’annoncer une nouvelle hausse du taux directeur la semaine prochaine.
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