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En commençant par la fin!

Ouf ! Quelle année ! Les investisseurs se souviendront de 2018 comme une année marquée par le retour de la volatilité et son effet sur les rendements des portefeuilles. Un rendement nettement en dessous de la moyenne observée depuis 10 ans (rendement excluant les frais pour un portefeuille type au profil d'investissement équilibré : 7,57 %). En fait, pour la première fois depuis l'ère Nixon, aucune catégorie d'actifs n'aura réussi à franchir le cap des 5 % de rendement. En ce qui concerne les pertes, les investisseurs ont connu pire, mais généralement lorsqu'une catégorie d'actifs recule, une autre monte. En 1974, les ressources naturelles s'étaient distinguées du lot; en 2002, c'étaient les fonds de placement immobilier et en 2008, les obligations gouvernementales de plusieurs grands pays. En 2018, aucune des catégories d'actifs ne s'est réellement distinguée. Le temps est venu de tourner la page !

L'année 2019 s'articulera comme le Canon de Pachelbel. Son interprétation pourrait aussi bien être de nature légère et vive que solennelle et majestueuse. La toile de fond économique et financière évoluera en deux temps. 

Premier temps...

Les États-Unis, dont l'économie est quasi-autosuffisante, se distingueront du reste du monde qui cherchera tant bien que mal à trouver son équilibre. Pour le reste du monde, le protectionnisme, le commerce international et la Chine seront les principaux facteurs à l'œuvre.  

La trêve entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping lors du sommet du G20 à Buenos Aires est temporaire et fragile. Pour qu'elle tienne, M. Trump devra faire preuve de retenue. Mais 48 heures à peine après le G20, il déclarait : « Nous aurons avec la Chine un vrai accord, ou pas d'accord du tout – auquel cas, nous imposerons de lourds droits de douane aux produits chinois importés aux États-Unis. » Une déclaration, pour le moins, irritante et énigmatique pour le président Xi Jinping. 

La petite musique du « haro sur la Chine » est douce à l'oreille de la base électorale du président Trump. Le protectionnisme, notamment envers la Chine, est populaire aux États-Unis, notamment dans le Midwest. Pour obtenir un deuxième mandat à la Maison-Blanche, le candidat Trump aura besoin de leurs suffrages. Mais vers qui pourrait-il tourner sa vindicte d'ici la fin de son mandat et pendant la campagne électorale présidentielle s'il s'entend avec la Chine ? Poser la question s'est y répondre !

Tenons-le-nous pour dit, ni le président, ni les républicains ni les démocrates n'ont intérêt à s'entendre avec la Chine. Au-delà de la politique, cette guerre commerciale est aussi une course à l'hégémonie technologique. D'un côté, les Américains protègent leur suprématie dans un secteur de pointe où la recherche, le développement et les brevets sont stratégiques. De l'autre, la Chine veut accéder aux avancées technologiques de l'Occident pour accélérer son développement économique et prendre sa place sur l'échiquier économique mondial. Voilà l'essentiel du réel débat commercial entre les deux pays ! 

À défaut de quoi, comment expliquer le porte-à-faux entre les politiques commerciale et fiscale du président Trump ? En écrasant l'accélérateur budgétaire, il devait savoir que l'accélération de la demande intérieure allait doper les importations et le déficit commercial. Un esprit machiavélique pourrait penser que la résultante de cette inconstance lui est tout simplement favorable politiquement.  

En remettant de l'argent dans les poches des contribuables et des entreprises, le président Trump a répondu aux attentes populistes de sa base électorale. Il a du coup augmenté l'indice d'octane d'un carburant économique déjà riche, compliquant la tâche de la Fed et, par le fait même, soufflant sur les braises du protectionnisme. 

Cette téléréalité à laquelle nous assistons est l'expression d'une déconnexion entre la classe politique et les électeurs dont la résultante ne sera connue que lors de la prochaine récession. D'ici là, l'économie américaine poursuivra sa course en 2019 quoiqu'à un rythme modestement moins rapide et la Fed portera son taux directeur à 3,25 % en fin d'année. Le marché obligataire s'ajustera à ce scénario en escalier. Chaque hausse du taux directeur provoquant une montée des taux d'intérêt suivis d'une période de stabilisation. Le marché boursier poursuivra son chemin en 2019 en dépit de pointes de volatilité. Le style croissance et les secteurs technologique (escluant les médias sociaux), financier et de la santé se distingueront à court terme.  

Deuxième temps...

Une escarmouche/guerre commerciale n'est avantageuse pour personne, surtout dans un contexte économique mondial où la production est intégrée. Pour la Chine, elle arrive au moment où la demande intérieure ralentit. Ultimement, cela mènera à une accélération des réformes structurelles et à l'adoption d'un nouveau plan de relance. Un contexte favorable pour la Chine et le monde à moyen terme, mais aussi pour les bourses des pays émergents. Un scénario à escompter pour le deuxième semestre ? 

En Europe, les perspectives économiques sont brouillées par la politique (Italie et Brexit), la déconnexion politico-sociale apparente (France) et la Chine (Allemagne). Les consommateurs et les entreprises sont une force dont il faut tenir compte pour l'économie. Mais une étincelle de positivisme sera nécessaire pour surmonter un cynisme bien ancré dans la mentalité collective. Autre scénario à escompter pour le deuxième semestre ? 

Au Canada, l'effondrement de la demande intérieure porte à réfléchir. L'endettement des ménages, le rachitisme du taux d'épargne et la normalisation monétaire sont autant de boulets pour la consommation. Certes, la pénurie de main-d'œuvre entraînera une amélioration des conditions de travail. Mais les hausses salariales seront-elles englouties par la hausse des taux d'emprunt ? En fin de cycle, les entreprises pourraient préférer l'attentisme à l'investissement. Pour le TSX, la direction des taux d'intérêt et du prix du pétrole donnera le ton en 2019. Et les deux devraient augmenter graduellement dans la prochaine année. 

Globalement, notre interprétation économique et financière du Canon de l'investissement 2019 est inspirée par une continuité du cycle d'investissement. Une version en apparence audacieuse après une année 2018 éprouvante pour les investisseurs. 

Selon le cycle stylisé d'investissement de MRB Partners, nous approchons la fin de la phase 5, celle précédant le début du marché baissier, le fameux « bear market » (phase 6). « Les marchés baissiers durables du ratio actions/obligations ne se produisent généralement que si l'économie mondiale dans son ensemble subit une récession. Les craintes d'une récession mondiale peuvent causer une pression à la vente intense comme on l'a vu plus tôt dans ce cycle en 2011-2012, et à nouveau en 2015-2016, mais pas mettre fin à un marché haussier cyclique à moins que la récession se matérialise effectivement. Le cycle d'investissement actuel a été unique en ce sens qu'un cadre politique extrême a persisté beaucoup plus longtemps. Le résultat net n'est pas un marché baissier imminent pour les actions, mais plutôt un mouvement volatil et prolongé jusqu'à ce que les rendements obligataires montent suffisamment pour étouffer les maillons faibles mondiaux au point de déclencher une contagion critique et de provoquer la fin du cycle économique et d'investissement. » (MRB Stylized Investment Cycle : Extended Topping Out Process) 

Sur un horizon de 3 à 6 mois, la stratégie d'investissement est teintée d'un optimisme sélectif envers les actions et le marché monétaire, les États-Unis, le style croissance et les secteurs technologique (escluant les médias sociaux), financier et de la santé se distingueront à court terme. La répartition tactique pour un portefeuille au profil équilibré dont la tolérance au risque de l'investisseur est moyenne, est la suivante : 10 % d'encaisse, 20 % d'obligations, 60 % d'actions et 10 % de placements alternatifs.

Sur un horizon de 12 à 18 mois, la stratégie d'investissement est empreinte d'une incertitude quant au cycle économique et d'investissement. Ne sachant pas s'il est minuit moins le quart ou minuit moins une, nous penchons pour une prudence relative teintée d'un optimisme sélectif pour des situations spéciales. Au moment d'écrire le Trimestriel, il semble y avoir un consensus autour d'une fin de cycle en 2020. Dans une année d'élections, tout peut arriver. Si les démocrates et les républicains s'entendent sur un programme d'infrastructures, voire de nouvelles baisses d'impôt, d'ici juin 2020, les perspectives prendraient un tout autre sens. Qui sait ? 

Un rendement total de 4 à 5 % est envisageable d'ici la fin du cycle ! Pour y arriver, il faudra baliser ses convictions et faire preuve d'agilité dans l'exécution de la stratégie d'investissement. La gestion active prend ici tout son sens pour optimiser le rendement ajusté en fonction du risque.


Texte tiré de Le trimestriel de Valeurs mobilières Desjardins. Consulter la publication dans son entièreté.

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